Photo : APS Par Ali Boukhlef L'éthique parlementaire. Le sujet emballe. Il est actuellement à l'étude au niveau de l'Assemblée populaire nationale où des parlementaires américains, travaillant pour la Conférence des législatures des Etats américains, donnent des séminaires au profit des parlementaires algériens. D'apparence, la rencontre a un caractère beaucoup plus technique, puisque le thème, à savoir l'éthique parlementaire, est aussi large que profond, comme l'a souligné d'ailleurs un des députés du Parti des travailleurs, Ramdane Taazibt. Mais, le comble est que la partie s'est déroulée sans les principaux concernés, à savoir les députés, en dehors de Louisa Hanoune, la secrétaire générale du Parti des travailleurs, de deux parlementaires de son parti et de quelques autres membres d'autres formations politiques, dont le RCD. Même le président de l'Assemblée, Abdelaziz Ziari, occupé par ses activités partisanes, ne s'est pas déplacé, préférant déléguer l'ouverture de la séance à un de ses vice-présidents, Mohamed Bourayou. Ce dernier s'est d'ailleurs limité à prononcer quelques phrases de bienvenue avant de s'éclipser, profitant d'une pause café offerte aux invités. Au-delà donc de la présence, limitée à quelques fonctionnaires de la chambre basse du Parlement, le débat a porté sur l'une des qualités qui manquent le plus aux parlementaires algériens. Y-t-il de l'éthique chez les parlementaires algériens ? Possible chez certains, qui croient encore aux vertus du militantisme. Ceux-là restent une minorité. Encore faut-il prouver le contraire dans une Assemblée qui, pour avoir manqué de crédibilité, a abrité en son sein des… criminels. Ils sont nombreux, en effet, à avoir des problèmes avec la justice et à garder leur mandat, malgré la clarté des accusations. Certains parlementaires sont allés plus loin dans le non-respect des lois, puisque, après avoir commis des crimes de sang –certaines affaires sont même du domaine public- ils continuent à jouir des pleins droits et à brandir l'immunité parlementaire comme pare-chocs à toute tentative de dépôt de plainte. D'autres affaires relevant du droit commun, à l'instar de cette affaire de viol sur mineure qui a fait le tour de l'Algérois, œuvre d'un parlementaire de l'est du pays bien connu des Algériens pour d'autres activités. Cette affaire n'a ému personne. Pis, elle est noyée comme tant d'autres. Ce ne sont-là que de simples exemples parmi tant d'autres. Certaines sources parlementaires indiquent que des dizaines de demandes de levée de l'immunité, émanant essentiellement de tribunaux, ont atterri au niveau du bureau de l'Assemblée qui n'a pas donné de réponse. Sur un autre registre, il est difficile de parler d'éthique dans une Assemblée qui, en l'espace d'une session parlementaire, n'a voté aucune loi. Encore faut-il en proposer et ouvrir, au moins, des permanences dans les circonscriptions où ils sont élus. A cela, il faut ajouter les multiples scandales de corruption et les affaires de dilapidation des biens publics dont sont coupables beaucoup de députés. Parle-t-on d'éthique, encore, lorsque pour de vils intérêts matériels on change le parcours de toute une vie ? En tout cas, les Américains sont venus prêcher, malgré leur éventuelle bonne foi, dans le désert. Le séminaire se poursuivra durant deux jours.