Le mouvement de fronde au FLN, déclenché par l'établissement des listes des candidats en prévision des législatives de 10 mai, ne décolère pas et soutient sa démarche de destituer le secrétaire général Abdelaziz Belkhadem et la direction du parti. Mohamed Bourzam, membre du comité central du parti (CC), affirme que ce mouvement est «très fort» et a bénéficié de l'adhésion de plus de 220 membres du CC, décidés à écarter la direction au cours de la réunion du 19 mai prochain à Alger. «Nous allons divulguer le nombre des signataires au moment propice et Belkhadem sera réellement surpris», a-t-il indiqué lors de son passage à l'émission «Sans parti pris» de Djzaïr Web TV, soulignant que «Belkhadem utilise tous les moyens pour avoir les noms des signataires et qu'il a exercé déjà des représailles sur certains membres afin de les dissuader». M. Bourzam doute de l'intention de l'actuel SG du parti de tenir une session ordinaire du CC. «Belkhadem refuse de convoquer la cession ordinaire du CC sous prétexte que le quorum n'a pas été atteint et il veut vérifier l'authenticité des signatures alors qu'avant il nous invitait à la tenir à n'importe quel moment car il pensait que nous étions minoritaires», dira-t-il. «Il se contredit. Il n'a pas l'intention de la convoquer. Il est en train de manipuler. Il n'est pas honnête dans sa démarche.» L'initiateur du mouvement de fronde revient sur la confection des listes en soulignant que «c'est Belkhadem qui a fait circuler l'information sur l'exclusion des ministres, des membres du PB et des mouhafeds de présenter leurs candidatures aux législatives». «Il a dit que c'est la fatwa du président de la République», note-t-il. La décision a été «saluée par tous les cadres, militants, amis et sympathisants du parti». «Nous avons été surpris de l'existence de cas d'exception en faveur de certains ministres», a-t-il ajouté, en précisant que «c'est, encore une fois, Belkhadem qui dit que ces exceptions ont été ordonnées d'en haut. Une autre fatwa du président Bouteflika». Une fois les listes établies et validées, les cadres du parti ont appris que le président Bouteflika n'est pas intervenu et il est resté loin de toutes ces décisions. «Donc c'est Belkhadem qui fabrique tout, dicte des fatwas, met ce qu'il veut... Ce que nous avons dénoncé haut et fort», a-t-il dit. M. Bourzem responsabilise Belkhadem et certains membres du bureau politique dont Rachid Haraoubia et Tayeb Louh des dérives graves qu'a connu le parti. «Ce sont des cadres influents sur le SG qui a une faible personnalité, utilise un double langage, n'a jamais réussi la structuration du parti depuis le dernier congrès, laissant place à l'anarchie et aux grands dysfonctionnements organiques dus essentiellement au non-respect du règlement intérieur et des statuts». Ces derniers ont confectionné des listes avec «des méthodes douteuses basées sur l'influence financière, le clientélisme et le copinage», loin du respect des instances internes du parti et de ses règlements. Ces comportements ont laissé un sentiment fort «d'humiliation» et de «mépris» chez les membres du comité central et autres militants qui ont dénoncé «l'exclusion ou le classement des véritables militants du parti dans le bas des listes» et leur remplacement par «des gens étrangers au parti». La liste des étrangers Il cite, dans ce contexte, la liste d'Alger où le parti obtient habituellement un quota de 10 sièges sur les 37. «Belkhadem a classé les membres du Comité central à la 17, 18 et 19e place et a mis aux premières places des gens qui ne sont même pas des militants du parti», dira-t-il. «Nous avons des femmes médecins, journalistes, professeurs universitaires, anciennes militantes, chercheuses, qui n'ont pas trouvé une place sur la liste», souligne-t-il, considérant cela comme «une humiliation volontaire». Le groupe des frondeurs a informé, par écrit, le président Bouteflika, président d'honneur du parti, de tous ces dépassements et respectent ses orientations. M. Bourzam considère le report de la date de la destitution de Belkhadem de la tête du FLN de «raisonnable»et non «pas un recul sur une revendication fondamentale». Il dit que ce report a été décidé souverainement et à l'unanimité par les membres du comité central qui «ont vu que l'élection d'une nouvelle direction peut perturber les élections». Il a accusé Belkhadem de transmettre de fausses informations au président Bouteflika, de les empêcher de poursuivre leur démarche, et de ne pas les autoriser à tenir des réunions, car nous voulons élaborer un programme pour boycotter les élections et perturber le processus électoral», dira-t-il. «Nous n'avons pas été empêchés de tenir une session extraordinaire du comité central à Bourouba en la présence de 210 membres qui ont signé le retrait du confiance». Il dit ne pas pouvoir «affirmer que Belkhadem continue de bénéficier de la confiance du président». «Même si c'est le cas, lorsque le président saura que nous sommes plus de 220 membres sur 340 signataires contre Belkhadem, j'estime qu'il connaît l'intérêt de l'Algérie et du parti». Les frondeurs affirment que la campagne de Belkhadem a été un grand échec. «Elle n'a pas connu le succès du passé car les gens ne sont pas contents. Il se réfère à ce qui s'est passé à Annaba, Tarf, Tiaret, Oran». «La plus grande difficulté que nous avons trouvé dans la mobilisation a été dans la liste de Belkhadem. Les gens ne veulent pas travailler pour ces listes. Ni les militants, ni les sympathisants, ni les citoyens n'ont accepté les listes de Belkhadem car elles ne répondent pas aux aspirations des citoyens ni à leurs visions de l'avenir.»