La destitution de Abdelaziz Belkhadem de son poste de secrétaire général du FLN est une décision éminemment politique. C'est du moins ce que pensent les meneurs de la fronde qui secoue actuellement le vieux parti. Selon les contestataires, Belkhadem a géré le FLN comme sa propriété privée, enfreignant les règles tracées par les membres du comité central. Il est donc temps, d'après eux, que le SG cède la place à «un militant plus responsable». A un mois de la tenue des élections législatives de mai 2012, le FLN vit une énième crise. Pourquoi une révolte en ce moment ? Les mécontents sont-ils en colère parce qu'ils ne sont pas candidats à la députation ou reprochent-ils réellement à Belkhadem la déviation du parti de sa trajectoire ? Comment interpréter le silence de M. Bouteflika, président d'honneur du FLN ? A cette dernière question, les contestataires sont persuadés que Bouteflika n'est pas tout à fait indifférent à cette crise. «La couverture par les médias, tels que l'APS, de notre action de protestation en est un signal fort. Il n'y a pas de silence total, le toilettage du FLN s'impose pour avoir une Assemblée responsable», affirme-t-on. Quant à la première interrogation, les opposants à Belkhadem répliquent que l'élaboration des listes électorales était la goutte qui a fait déborder le vase. «Belkhadem a confectionné des listes sous la dictée de l'allégeance et l'influence de l'argent. La majorité des candidats portés sur les listes FLN ne sont pas légitimes ni représentatifs, ils n'ont aucune expérience et ne sont pas compétents pour siéger dans la future assemblée», soutient Kamel Rezgui, membre du comité central et député. Celui-ci pense que les listes élaborées par Belkhadem visent à enterrer le FLN et non à le sauver. Toutefois, les frondeurs n'ont pas nié que certains militants sont en colère parce que leur nom n'a pas été retenu sur les listes, mais la révolte de la majorité trouve son origine, de leur avis, dans le mépris de Belkhadem et sa mauvaise gestion du parti. De l'avis des militants, il n'y a plus de cadre de travail ni de débat au FLN. «En toute responsabilité et avec la gravité de la conjoncture, nous avons refusé, de par le passé, de nous insurger, et ce, de crainte d'une instabilité pour le pays, mais aujourd'hui avec la mascarade des listes électorales, il fallait réagir», déplorent les militants, qui accusent le bureau politique d'avoir piétiné les critères arrêtés par le comité central pour la confection des listes électorales. D'aucuns estiment qu'une nouvelle direction sera élue incessamment et aura pour tâche principale la gestion de la campagne électorale. «Belkhadem est invité à participer à l'élection de la nouvelle direction, qui sera probablement hybride. Nous avons réunis plus de 220 signatures, validées par un huissier de justice. Le quorum est atteint pour la destitution de Belkhadem», affirment les caciques du FLN. Les contestataires rejoignent ainsi le clan des redresseurs chapeautés par Salah Goudjil et n'écartent pas l'éventualité de désigner celui-ci à la tête du FLN pour gérer cette période de transition. A la question de savoir quel sort réserve-t-on aux listes de candidats conçus par Belkhadem, les contestataires disent faire campagne pour les listes comptant les véritables militants du FLN. «Exceptionnellement, dans les régions où nous n'avons pas de listes crédibles, nous allons faire campagne pour les courants nationalistes», indique Kamel Rezgui. Quels sont les partis nationalistes ? S'agit-il du RND ? «Oui, nous voterons pour les listes RND si cela s'impose pour faire barrage aux partis islamistes», explique-t-on au FLN.