La justice française a condamné mercredi pour injure un ministre de François Hollande, provoquant la réaction immédiate de la droite qui a rappelé la promesse de campagne du président socialiste de ne pas s'entourer de personnes condamnées. Arnaud Montebourg, ministre du "Redressement productif", a été condamné à verser un euro de dommages et intérêts aux anciens dirigeants de Seafrance pour les avoir traités d'"escrocs" en septembre 2011, quand la compagnie de ferries était en redressement judiciaire. "Je demande la démission immédiate de Montebourg qui vient d'être condamné par la justice au nom du principe érigé par Hollande", a réagi par twitter Nadine Morano, ancienne ministre de l'Apprentissage de Nicolas Sarkozy, connue pour son franc-parler. François Hollande, élu président le 6 mai, avait pris l'engagement pendant la campagne électorale de ne pas avoir "autour de (lui) à l'Elysée des personnes jugées et condamnées". Arnaud Montebourg a été nommé le 16 mai ministre du "Redressement productif", un portefeuille taillé sur mesure pour ce ténor de la gauche du parti socialiste qui s'affiche en héraut de la "démondialisation", de la réindustrialisation et de la lutte contre la domination de l'économie réelle par le "système financier". Alors qu'il était encore député et candidat à la primaire socialiste pour l'élection présidentielle, il avait traité d'"incapables", de "patrons voyous" et d'"escrocs" les dirigeants de Seafrance pendant une rencontre avec des syndicalistes en présence d'un journaliste d'un journal local qui avait reproduit ses propos. Le tribunal n'a pas retenu les deux premiers termes, mais a jugé que celui d'"escrocs" était "incontestablement outrageant". La liquidation définitive de SeaFrance, la dernière compagnie française à relier Calais (nord de la France) à Douvres (sud de l'Angleterre), a été prononcée le 9 janvier après plusieurs semaines d'incertitudes sur son avenir. Sous la présidence de Nicolas Sarkozy, son ministre de l'Intérieur Brice Hortefeux était resté dans ses fonctions en dépit d'une condamnation pour atteinte à la présomption d'innocence et d'une autre pour injure raciste, suivie d'une relaxe en appel.