La pénurie de médicaments persistant au niveau des hôpitaux et centres de soins est qualifiée de «rumeurs» par le ministre de la Santé, Djamel Ould Abbas, qui continue à faire croire le contraire. C'est à partir de Mila où il était en visite de travail que le ministre a tenté de minimiser le grave manque de médicaments et même de consommables qui entravent le travail des personnels hospitaliers, mettant en péril la santé des patients. Cependant, sur le terrain, les malades et les médecins disent tout à fait le contraire et affirment qu'«au niveau des hôpitaux, les patients admis en chirurgie dentaires se font arracher les dents sans anesthésiants et les chirurgiens ne portent même pas de gants». De son côté, Lyès Merabet, président du Syndicat national des praticiens de la santé publique (SNAPSP) compte employer la «manière forte» pour remédier à la situation. Le ministère de la Santé ne reconnaissant pas l'intersyndicale représentée par le Dr Yousfi et composée des syndicats des praticiens, des spécialistes et des psychologues, compte alerter l'opinion publique et adresser une lettre ouverte au président de la République. «Nous ne comptons pas nous arrêter et nous continuerons notre démarche jusqu'à l'assainissement de la situation», nous a indiqué le Dr Merabet. Au niveau des hôpitaux, des opérations chirurgicales sont annulées quotidiennement, les traitements ne sont plus administrés aux malades en raison du manque de réactifs et de consommables. La situation va de mal en pis sans que la tutelle daigne reconnaître la réalité et par là même engager un dialogue.
Comment la tutelle gère-t-elle son budget ? La question qui se pose, c'est que le même ministère a déboursé 720 millions de dollars dans l'importation de médicaments et de matériel médical sans résultats. «Il existe tout un fossé entre les affirmations du ministre et la réalité du terrain», dira le président du SNAPSP. Le ministre cautionne-t-il cette pénurie en jouant à la politique de l'autruche ou se ses subordonnés manipulent-ils les chiffres ? Où sont les médicaments importés ? Au niveau de la Pharmacie centrale des hôpitaux (PCH), les responsables affirment que les médicaments sont disponibles, alors qu'au niveau des centres hospitaliers, c'est la pénurie. Où réside l'anomalie ? La facture des médicaments augmente chaque année sans que le problème du manque de médicaments ne soit résolu. Pour le Dr Merabet, à chaque fois qu'un ministre prend ses fonctions, le premier dossier qu'il a à traiter est celui des médicaments, mais hélas sans succès. «Tous les ministres ont échoué dans la gestion du ministère, mais Djamel Ould Abbas est le pire de tous ; c'est le seul à avoir laissé des cancéreux mourir par défaut de traitement», dira-t-il. Le ministère de la Santé qui «semble être indifférent à cette situation ne se contente pas uniquement de discréditer les syndicats, mais également leur met des entraves et sanctionne certains délégués». Dans les wilayas de Batna, Constantine et Bordj Bou Arréridj, des délégués syndicaux ont été limogés pour avoir signalé le manque de médicaments», fait savoir le Dr Merabet. De leur côté, les hospitalo-universitaires comptent également investir la rue à partir de la semaine prochaine et s'allier aux syndicats des praticiens, spécialistes et psychologues pour dénoncer la pénurie et les difficultés qu'ils trouvent au quotidien pour exercer leur travail. Le bras de fer entre les syndicats et le ministère n'est pas près de prendre fin, les syndicats ne lâchant pas prise et la tutelle ne voulant pas abdiquer.