Les protestataires ont scandé des slogans dénonçant la politique de Djamel Ould Abbès : «La santé va mal», «Pénuries de médicaments», «Rupture de vaccins, retour des maladies contagieuses», «Malades agonisants»... Près de 500 praticiens de santé publique ont observé, hier, un rassemblement devant le ministère de la Santé, à Alger. Entourés de policiers, des médecins, dentistes, pharmaciens et psychologues exerçant dans le secteur public ont exprimé leur colère face à «la fuite en avant de la tutelle ayant conduit le secteur à la dérive». En blouse blanche et brassard portant la mention «praticien en colère», les protestataires ont scandé des slogans dénonçant la politique de Djamel Ould Abbès : «La santé va mal», «Pénuries de médicaments», «Rupture de vaccins, retour des maladies contagieuses», «Malades agonisants». Des slogans criés ou écrits, résumant le bilan de l'exercice du ministre de la Santé depuis 2010. «Jamais le secteur n'a touché ainsi le fond», commente un médecin généraliste exerçant à Alger. «Dans les hôpitaux ou centres de soins de proximité, nous ne pouvons plus répondre aux sollicitations des malades par manque de médicaments. Nous assistons, impuissants, à la dégradation de la santé de nos patients. L'Algérie a les moyens financiers pour améliorer son système de santé, mais à cause de la mauvaise gestion, les malades agonisent et meurent», accuse un syndicaliste. Un groupe de médecins commente la dernière sortie médiatique du ministre : «Qu'il montre nos fiches de paie, cela ne dérangerait aucun médecin, mais qu'il rende publique sa propre fiche de paie et les avantages dont il jouit, lui et certaines autres catégories de fonctionnaires avec, à côté le nombre d'années passées à l'université.» Pour le docteur Yousfi, «c'est au président de la République que les praticiens s'adressent après l'échec du ministère à gérer tous les dossiers en difficulté, notamment la pénurie de médicaments. Nous nous adressons au président de la République pour concrétiser sur le terrain les promesses de changement. Il a promis une meilleure ouverture aux syndicats et à la société civile, nous attendons un geste». Pour le Syndicat national des praticiens spécialistes de santé publique (SNPSSP) en grève depuis le 29 avril dernier, «le ministre a fermé toutes les portes de dialogue et ne donne aucun signe positif quant à une issue proche». Le syndicat réclame l'amendement du statut, la levée de la discrimination en matière d'imposition et le respect du droit à l'activité syndicale. De son côté, le docteur Merabet, président du Syndicat national des praticiens de santé publique (SNPSP) et coordinateur de l'Intersyndicale de la santé publique, a rappelé que «les engagements pris il y a deux années par la tutelle n'ont pas été respectés à ce jour, rien n'est fait pour régler nos problèmes et tous les dossiers sont encore ouverts».
«Ould Abbès, tab djenanek» Le Syndicat national des psychologues (Snapsy), dont les adhérents étaient présents, tire la sonnette d'alarme sur la détérioration des conditions de travail. Avec des contrats de préemploi et un statut peu reluisant, les psychologues restent le maillon faible du secteur de la santé. «Nous exigeons de revoir la durée de la formation. On n'est pas psychologue avec un bac+3», commente une psychologue orthophoniste, allusion faite l'introduction de la filière dans le système LMD. M. Keddad, secrétaire général du Snapsy, a dressé un tableau noirci par toutes sortes de pénuries de médicaments et autres, «même en fil chirurgical». «Les psychologues auxquels on a fait appel pour la prise en charge des rescapés des séismes et autres catastrophes naturelles et aux victimes des massacres perpétrés par les terroristes se trouvent aujourd'hui en bas de l'échelle, c'est injuste.» Les protestataires ont invité le ministre à démissionner du fait qu'il a échoué à gérer les dossiers en suspens. «Dégage», criaient-ils. La fameuse phrase du président de la République : «Tab djenani» (mon temps est fini), prononcée le 8 mai à Sétif, a été empruntée par les praticiens, qui rappellent au ministre Ould Abbès qu'il a fait son temps.