Dans une récente déclaration à la presse, le président du Forum des présidents de clubs professionnels, Abdelkrim Yahla, a indiqué que cette structure espère parvenir, dans un proche avenir, à un plafonnement des salaires. C'est bien de l'entendre parler de cette manière mais il nous semble qu'il s'y prend avec énormément de retard. Les problèmes d'ordre financier dans lesquels pataugent les clubs de football ne sont pas nouveaux et il était connu que les masses salariales auxquelles ils étaient confrontés étaient disproportionnées à cause de salaires faramineux versés aux joueurs. Hormis l'USMA qui déploie les moyens de sa politique et tient ses promesses en matière de paiement de salaires, tous les autres clubs promettent des sommes qu'ils ne peuvent pas payer. Nous n'avons pas souvenir d'avoir entendu ces présidents se plaindre de surpayer leurs joueurs. A chaque fois ils s'en prenaient à l'Etat qu'ils jugeaient coupable de ne pas leur donner de sous. Point de mot contre leurs chouchous de joueurs grassement payés alors qu'ils ne fournissent pas sur le terrain de la compétition les efforts nécessaires pour justifier de telles paies. Si on fait, donc, exception de l'USMA, qui a fait du vrai professionnalisme son crédo et de la JSM Béjaïa dont le premier responsable, Boualem Tiab, nous a toujours dit qu'on payait trop les joueurs et qu'il fallait plafonner les salaires, tous les autres présidents de clubs se complaisaient dans cette immense gabegie qui consistait à donner encore plus de fric à des joueurs qui n'en valent vraiment pas la peine. Voilà que Yahla découvre le fil à couper le beurre pour dire qu'il faut réduire les salaires. Espérons qu'il finira par être écouté parce que son collègue de la JSMB, lorsqu'il en parlait, n'avait reçu aucun écho de la part de ces présidents boulimiques lorsqu'il s'agit d'argent. D'ailleurs, ils veulent réinventer le professionnalisme puisqu'ils proposent d'en finir avec la SSPA pour transformer leurs clubs en sarl. Ce système serait propice à leurs desseins vu qu'il permet à ces clubs de recevoir des subventions de la part de l'Etat alors qu'ils en sont privés sous le régime des sociétés par actions. Ces présidents ne voient le professionnalisme que par le bout de la lorgnette de l'argent que les pouvoirs publics pourraient leur donner. Lorsqu'il s'agit de vous parler de marketing et de recherche de sources de financement, ils préfèrent se taire tellement leur imagination et leur savoir-faire en ce domaine sont limités. Si on les comprend bien ils veulent faire du professionnalisme avec l'aide éternelle de l'Etat. Dans ce cas pourquoi resteraient-ils, eux, à la tête des clubs ? Du moment que c'est lui qui finance, pourquoi cet Etat ne nommerait-il pas lui-même des gestionnaires comme cela se faisait dans les années 1970, à l'époque du code de l'EPS ? Ces présidents de clubs prennent leurs désirs pour de la réalité et se conduisent souvent comme de grands gamins. Qu'ils soient moins boulimiques en matière d'argent et qu'ils sachent réguler la masse salariale de leur club, ce sera déjà un combat qu'ils gagneront sur le front de l'efficacité managériale. En dehors de cela tout ce qu'ils diront ne pourra être assimilé qu'à un vulgaire bla-bla.