Chaotique hors du terrain sur fond de retards dans les travaux, de problèmes politiques et de sécurité, la préparation de l'Euro a été tout aussi compliquée sur le pré pour l'Ukraine, qui affronte la Suède ce lundi pour son entrée en lice dans le groupe D. Cantonnée à des matches amicaux en vertu de son statut de co-organisatrice, l'Ukraine n'a pas profité de la faiblesse de ses adversaires pour faire le plein de confiance. Elle a enchaîné les déconvenues dont deux dernièrement face à l'Autriche et la Turquie, non qualifiées pour l'Euro. Accablée par ses résultats, la sélection ukrainienne a été frappée par une mystérieuse épidémie qui a mis sur le flanc dix joueurs victimes de maux d'estomac cette semaine. Elle est enfin privée de gardien de haut niveau, le premier choix étant suspendu pour dopage et les deux suivants blessés. L'équipe qui avait atteint les quarts de finale de la Coupe du monde 2006 semble ainsi appartenir au siècle dernier, quand l'Ukraine était classée 13e nation mondiale par la Fifa. Elle est aujourd'hui 52e. Personne n'illustre mieux ce lent déclin que l'ancien buteur du Milan AC Andreï Chevtchenko, icône nationale, aujourd'hui bien loin du niveau qui fit de lui le Ballon d'or 2004. L'homme aux 108 sélections a pourtant promis à son peuple qu'il saurait recouvrer de sa splendeur perdue au moment clé et son équipe avec lui. "Je ne nie pas que tout ne s'est pas passé comme on le voulait dans les matches contre l'Autriche et la Turquie. Mais il y avait des raisons à cela", a-t-il dit. "Je peux vous assurer que vous verrez l'équipe d'Ukraine jouer de façon totalement différente contre la Suède." Conscient de ses propres limites, il s'est dit prêt à se mettre au service du pays, quel qu'en soit le prix personnel. "Pour être honnête, le nombre de minutes que je passerai sur le terrain n'a pas d'importance. Pour moi, le principal est de faire ce qui est bon pour aider l'équipe", a-t-il affirmé. Si Oleg Blokhine disait samedi n'avoir ni attaquant capable de marquer ni défenseur capable de tacler, son principal souci vient à n'en pas douter du poste de gardien de but. En l'absence de trois spécialistes du poste, dont Alexandre Rybka, suspendu deux ans pour l'ingestion d'un diurétique interdit, Andreï Patov est le portier le plus expérimenté du groupe, avec 26 sélections. Face aux attaquants suédois, emmenés par Zlatan Ibrahimovic, cela pourrait ne pas suffire. Bloc solide et très bien organisé sous la conduite de Lars Lagerbäck, la Suède l'est restée avec l'arrivée d'Erik Hamren sur le banc. Mais ce technicien inconnu hors de Scandinavie, où sa cote est immense, a insufflé à sa sélection l'envie de faire bien et beau. Toujours disciplinés, les Suédois ne brident plus leur talent et les attaquants - le fantasque et brillant Ibrahimovic, le puissant Johan Elmander ou les ailiers vifs et déroutants - jouissent d'une grande liberté. Seule la défense centrale, qui a encaissé trois buts de la tête en préparation, donne des signes de fébrilité mais Hamren dit ne pas s'en inquiéter.