La 6e session du comité central du FLN s'est ouverte finalement vendredi soir dans un climat de tension, de pression, d'anarchie et de confusion totale. Abdelaziz Belkhadem, secrétaire général du FLN, est revenu à 17 heures décidé à procéder à l'ouverture de cette session. Il a réuni les membres du bureau politique et les mouhafed pour les informer de sa décision», ont indiqué hier des sources diverses. Avec l'aide des cadres et militants du parti qui le soutiennent, «Belkhadem a réussi à pénétrer dans la salle de conférences et a investi la tribune aux environs de 18 heures, où il a procédé à l'ouverture de la session dans un climat marqué par de violents affrontements entre les pro et anti-Belkhadem qui revendiquaient son départ». L'actuel secrétaire général a demandé à ses contestataires de présenter la liste des membres du CC qui ont exprimé le retrait de confiance. N'ayant pas trouvé de réponse, puisque ces derniers ont exigé de procéder au vote à l'urne pour permettre aux membres du CC de faire leur choix, il a brandi la mention de confiance avec une liste contenant 221 signatures. Il a appelé le vote à main levée et a procédé à sa validation confirmant ainsi son maintien à la tête du parti. La validation a été faite en la présence de deux huissiers de justice. Hier matin, la salle de conférences de l'hôtel Ryiad était pleine. L'accès a été permis à tout le monde y compris aux journalistes, qui avaient été interdits d'accès la veille, en dépit de la décision prise par la direction du FLN quelques jours avant de tenir les travaux de la session du CC à huis clos. Abdelaziz Belkhadem a prononcé un long discours où il est revenu sur le Cinquantenaire de l'indépendance réclamant à la France de prononcer des excuses au peuple algérien sur les crimes commis durant la présence coloniale. Aux contestataires, il répond que «le Comité central est réuni et il est en train de travailler le plus normalement du monde». «Je leur ai demandé de présenter la mention de défiance et les noms des signataires», a-t-il rappelé. «Nous n'avons pas peur de la division mais nous devons toujours nous référer au statut du parti et à son règlement intérieur», a-t-il ajouté. Il a rappelé que tout le monde a eu le droit de participer à la session, exceptés «les exclus en raison de leur présentation aux législatives sous d'autres partis, ceux dont l'appartenance au CC est gelée momentanément ainsi que les membres du CC décédés». A la fin de son discours, M. Belkhadem s'est abstenu de toute déclaration en dépit de l'insistance des journalistes ayant demandé des explications sur ce qui se passait. «J'animerai une conférence de presse à la fin des travaux», a-t-il répété. «Oui, nous avons installé le bureau de la session et les commissions sont en train de travailler. J'animerai une conférence de presse pour donner mon avis après lecture des rapports finaux des commissions», a-t-il souligné.
Les contestataires boycottent une session «illégale» Dans la cour de l'hôtel, des membres du CC appartenant au mouvement de contestation étaient présents. «Nous avons boycotté la session du CC. Nous sommes 168 membres du CC et nous déclarons cette session illégale», nous dira Mohamed Bourzam, l'un des initiateurs du mouvement de contestation. Il a dénoncé les conditions dans lesquelles se sont déroulés les travaux de cette session et «les irrégularités qui l'entachent». «Belkhadem a ramené des députés à l'APN et autres cadres du parti qui ne sont pas membres du CC pour faire voter sa mention de confiance», ont-t-il accusé. «Les membres du CC ont été insultés et malmenés. Certains ont été transférés à l'hôpital après avoir été blessés, à l'exemple de Ahmed Chaker», nous a-t-on également signalé. M. Bourzam a réaffirmé la position des contestataires de procéder à «l'urne pour destituer Belkhadem». «L'urne était la seule solution pour régler le problème, mais Belkhadem a refusé cette méthode démocratique», a-t-il affirmé, tout en précisant que «tout doit passer par l'urne. Même en 2014, c'est à travers l'urne que le président des Algériens sera élu et non à main levée», a tenu à rappeler M. Bourzam. A propos de la suite des discussions menées la veille entre le Comité des sages et le secrétaire général du FLN, M. Bourzam nous apprend que les membres du Comité des sages ne sont pas revenus en fin de journée pour poursuivre le dialogue. «Ils ont perdu espoir. Ils nous ont dit que Belkhadem ne voulait faire aucune concession et a refusé catégoriquement le vote à l'urne et qu'il n'y avait plus rien à discuter.» Certains membres du CC ont exprimé leur regret sur ce qui s'est passé lors de cette session. «C'est vraiment désolant. Le parti ne peut pas continuer comme ça», estiment-ils. «Nous allons clôturer cette session sans faire trop de commentaires. Il y a possibilité de programmer une autre session extraordinaire de réconciliation et de réunion des rangs dans les prochains mois», confient-ils. Au moment où nous mettions sous presse, les commissions poursuivaient les travaux en attendant la conférence de presse du secrétaire général du plus vieux parti prévue aujourd'hui.