L'Allemagne de Joachim Löw a encore échoué à battre l'Italie (2-1), jeudi en demi-finale de l'Euro-2012, et repart, une nouvelle fois, bredouille d'une grande compétition internationale. Cela fait maintenant 16 ans, depuis l'Euro-1996, que la Mannschaft n'a pas soulevé un trophée. En 2014, à la Coupe du monde au Brésil, cela fera 18 ans, le plus grand écart entre deux titres depuis la période qui avait séparé son premier titre, la Coupe du monde 1954, du deuxième, l'Euro-1972. C'est un échec cuisant aussi pour la "génération Löw", qui atteignait sa quatrième demi-finale consécutive depuis le Mondial-2006 à domicile, et qui fait même moins bien qu'à l'Euro-2008, où elle avait échoué en finale contre l'Espagne (1-0). Elle avait pourtant effectué un début de parcours remarquable, remportant ses trois matches du "groupe de la mort", contre le Portugal (1-0), les Pays-Bas (2-1) puis le Danemark (2-1), avant d'écarter les Grecs en quart de finale (4-2). Certes les augures n'étaient pas très bons face à la "Nazionale", le bilan des confrontations passées étant accablant pour la Mannschaft: défaite en finale de Coupe du monde 1970, défaite en finale de Coupe du monde 1982 et surtout, la plus douloureuse, défaite en demi-finale de la Coupe du monde 2006. Malgré ces grandes désillusions passées, la défaite de jeudi soir (2-1) n'en reste pas moins amère pour une équipe qui s'était fixé comme objectif la victoire sinon rien. Pour Joachim Löw, ce résultat est particulièrement frustrant. Il a vu débuter en sélection pratiquement tous les joueurs du groupe, d'abord comme adjoint de Jürgen Klinsmann, puis en tant que sélectionneur. Il a patiemment remodelé sa façon de jouer, sélectionnant les joueurs qui passaient le mieux dans son projet offensif et technique, profitant de l'émergence des Schweinsteiger, Lahm, Podolski, puis de la génération dorée des Özil, Khedira et Müller. Toute l'équipe assurait avoir progressé, gagné en expérience, en intelligence de jeu... Et pourtant cela n'a pas suffit. Löw pourra argumenter qu'il avait l'équipe la plus jeune du tournoi, avec un peu moins de 25 ans de moyenne d'âge au début de la compétition, et qu'il donc une marge de progression. De nouveaux joueurs "poussent" déjà, comme Mats Hummels qui s'est révélé à l'arrière, et dont l'association avec Holger Badstuber a donné largement satisfaction. A 23 ans tous les deux, ils donnent des gages pour l'avenir. De même, sur le front de l'attaque, Marco Reus, lui aussi 23 ans, a effectué une prestation remarquée contre la Grèce, bousculant les titulaires Podolski et Müller. Les bons premiers matches de Mario Gomez, qui a marqué trois fois en deux matches, sont également à ranger dans les satisfactions et les promesses pour l'avenir. Löw a déjà laissé entendre que le Mondial brésilien pourrait être sa dernière compétition à la tête de la sélection allemande. Porteur des espoirs de toute une nation d'amoureux du football, il lui reste quelques cartes dans sa manche pour ne pas finir comme le sélectionneur des occasions perdues.