Müller : "Nos adversaires défendent bien contre nous". Samaras : « On joue pour 11 millions de Grecs.» Allemagne-Grèce, une rencontre qui dépasse le simple cadre du sport ! Depuis la qualification de la Grèce pour les quarts de finale de l'Euro de football, la rencontre Allemagne-Grèce, qui se jouera ce soir à Gdansk, attire à elle tous les projecteurs. Elle a déjà été renommée «derby de la de la dette». Engluée, depuis décembre 2009, dans une crise budgétaire et monétaire qui fait du coup vaciller toute la zone euro, la Grèce a bénéficié de nombreux plans d'aide tout en supportant en retour les remontrances verbales de la vertueuse Allemagne, bien décidée à ne pas abandonner son orthodoxie budgétaire. En contrepartie, les Grecs doivent respecter à la lettre une cure d'austérité drastique. Un genre de chantage, qui ne plaît nullement aux Grecs, qui veulent prendre une sorte de revanche sur le sort, en cas de qualification face à l'Allemagne : «Donnez-nous Merkel», titrait dimanche le quotidien grec Goal News, tandis que Sport Day ironisait : «Angela, tenez-vous prête ! Vous avez vu comment vos débiteurs se sont qualifiés ?» Si le fair-play sera probablement présent sur le rectangle vert entre les vingt-deux acteurs, l'ambiance pourrait être assez électrique dans les tribunes, à Gdansk, si des représentants des deux pays s'y croisent, vu que c'est plus qu'une simple victoire qui est enjeu durant ce quart de finale... Une nouvelle démonstration de force de l'Allemagne ? Dans un groupe très compliqué, appelé la poule de la «mort», l'Allemagne n'a pas tremblé pour se hisser en quart de finale, et la Manschaft a même réalisé un carton plein avec 3 victoires en 3 matchs. Elle a, notamment, battu le Portugal (1-0), les Pays Bas (2-1) et le Danemark (2-1). La Mannschaft affiche la 2e meilleure attaque des 4 groupes avec 5 buts inscrits, soit 1 de moins que l'Espagne, ainsi que la 2e meilleure défense de la phase de poule avec 2 buts encaissés seulement, soit 1 de plus que la Roja. L'Allemagne fait partie, donc, des favoris au sacre final et a la voie royale pour atteindre la finale de cet Euro, évitant l'Espagne en 1/4 et en 1/2. La 2e nation mondiale (derrière l'Espagne) a bien maîtrisé ses matchs de poule puisqu'elle a réalisé un sans-faute avec 3 succès devant le Portugal (1-0, but de Mario Gomez), contre les Pays-Bas (2-1, doublé de Mario Gomez) et face au Danemark (2-1, buts de Lukas Podolski et de Lars Bender). Sur ces 3 rencontres, les cadres de l'Allemagne ont été décisifs : Manuel Neuer dans les buts, Badstuber et Hummels dans l'axe de la défense, Bastian Schweinsteiger au milieu avec 2 passes décisives ou encore Mario Gomez, auteur de 3 réalisations et d'une passe décisive ! Les Allemands, qui ont manqué de peu le titre de champion d'Europe, en 2008, et qui ont raté la dernière marche lors de la Coupe du monde 2010, suite à une défaite en demi-finale contre l'Espagne (0-1), n'ont pas l'intention de négliger ce quart de finale face à la Grèce. La Grèce : une fierté à défendre ! La Grèce est, à ce stade de la compétition, la surprise de cet Euro. Alors que l'on attendait la Russie et la Pologne, le pays hôte, voilà que la sélection de Fernando Santos a bousculé la hiérarchie. Après un début de tournoi hésitant avec un nul face à la Pologne (1-1) mais aussi une défaite contre la République Tchèque (1-2), la Grèce s'est imposée face à la Russie (1-0), dans un match décisif alors qu'un résultat nul assurait aux Russes une place en 1/4 de finale. La Grèce compte deux buteurs seulement dans cet Euro : Giorgos Karagounis (2 buts) et Dimitris Salpingidis, et possède la 11e meilleure attaque (3 buts) sur les 16 équipes engagées. Au niveau défensif, l'équipe grecque est solide et fait partie des meilleures défenses du tournoi. Elle se classe 4e avec 3 buts encaissés seulement. Avec un jeu très défensif, et basé sur les contres, ce système peut être efficace dans ce genre de match couperet mais n'est pas plaisant à voir. Les leaders de la formation grecque sont assez âgés ( Karagounis 35 ans notamment) et l'accumulation des rencontres en si peu de temps risque de peser sur le plan physique. Pour cette rencontre face à l'Allemagne, les joueurs grecs se sont mis en mode "guerriers", dans un match aux forts symboles politiques, en voulant rééditer l'exploit de 2004, et une victoire, ce soir, devra suffire pour rendre le sourire à des millions de Grecs qui souffrent ces derniers mois de la féroce crise qui secoue le pays. ------------------- Bon à savoir La Grèce n'a jamais battu l'Allemagne en 8 confrontations (3 nuls, 5 défaites). Leur dernier affrontement remonte à mars 2011, la Mannschaft avait battu les Hellènes (4-2) en qualifications pour la Coupe du monde 2010. La Grèce et l'Allemagne se sont rencontrées une fois en phase finale de l'Euro. C'était en 1980, pour un score nul et vierge en phase de poules. L'Allemagne a atteint les demi-finales lors de chacun des 3 derniers tournois majeurs (CM 2006 + Euro 2008 + CM 2010). L'Allemand Holger Badstuber est à un jaune de la suspension, alors que les Grecs, Kyriakos Papadopoulos, Dimitris Salpingidis et Vasilis Torosidis, sont tous sous le coup d'une suspension en cas d'avertissement. L'Allemagne a remporté ses 14 derniers matches compétitifs, une première dans l'histoire de la Mannschaft. C'est, également, la seule équipe à avoir gagné tous ses matches de l'Euro 2012, éliminatoires compris. L'Allemagne a marqué lors de chacun de ses 19 derniers matches, sa meilleure série depuis 1989-1991 (20 matches). ------------------- Notre pronostic : Qualification de l'Allemagne Même si la Grèce est capable d'exploit, l'Allemagne paraît trop forte et trop solide sur un plan collectif pour croire à une qualification grecque. Les Allemands n'ont qu'un seul objectif, c'est d'être champions d'Europe et avec une maîtrise collective aussi importante, la Grèce risque de souffrir. Même si la Grèce s'est montrée solide défensivement et très réaliste lors de ses premiers matchs, la Mannschaft peut compter sur des joueurs en grande forme tels que son défenseur central Mats Hummels et son avant-centre Mario Gomez. Nettement supérieure techniquement, l'équipe d'Allemagne devrait s'imposer logiquement dans ce match et, ainsi, décrocher son billet pour les demi-finales. ------------------- Müller : "Nos adversaires défendent bien contre nous" Le milieu offensif de la sélection allemande et Bayern Munich, Thomas Müller, s'est exprimé mercredi en conférence de presse, à l'aube d'affronter la Grèce : "Ces dernières années en éliminatoires, on a eu la réputation de figurer parmi les favoris. C'est pour cette raison que les équipes, en général, défendent bien contre nous. Elles ne commencent pas avec quatre attaquants", a déclaré Thomas Müller en conférence de presse mercredi. Le joueur du Bayern Munich est revenu sur son cas personnel : "En tant que joueur offensif, c'est normal que les gens nous jugent sur le nombre de buts qu'on met. Le plus important, c'est qu'avec le coach, on soit satisfaits de mes prestations. Mon travail est d'aider l'équipe, jouer mon rôle. J'ai fait quelques passes décisives récemment", a rappelé le milieu offensif allemand. Khedira : «Nous ne sous-estimerons pas les Grecs» Le milieu du Real Madrid, Sami Khedira, a déclaré être concentré uniquement sur le quart de finale contre la Grèce, sans trop penser au reste de la compétition, en cas de qualification, bien sûr : "On a eu un bon entraînement avec le Danemark de ce que sera le match face à la Grèce", commente Khedira. "Nous sommes concentrés sur la Grèce ; ils ont une très bonne équipe ; nous ne les sous-estimerons pas. Nous ne pensons absolument pas à la possible demi-finale qui se profile. L'Italie ou l'Angleterre sont deux très bonnes équipes, mais on ne pensent pas à eux en ce moment." ------------------- Samaras : « On joue pour 11 millions de Grecs » Comme Joachim Löw, le sélectionneur de l'Allemagne, interrogé en conférence de presse, Giorgo Samaras, l'attaquant d'une sélection grecque qui retrouvera la Mannschaft en quart de finale de l'Euro 2012 ce soir, a dû répondre à des questions concernant la situation économique des deux pays dans la zone euro. Le buteur ne veut, surtout, pas voir d'amalgame entre un match de football et de la politique. "On ne peut pas comparer le football et la politique (...) C'est simplement un match. On va jouer et se faire plaisir, parce qu'on aime ça, rien d'autre", a-t-il avoué, avant de confier que lui et ses partenaires joueraient pour tout un peuple : "On ne joue pas pour soi ; on ne joue pas pour l'équipe ; on joue pour 11 millions de gens, là-bas en Grèce, qui attendent un sourire, une raison de sortir dans les rues et de faire la fête." "Je pense qu'on leur a offert ça contre la Russie. Maintenant, nous sommes dans les huit meilleures nations d'Europe", a-t-il conclu l'attaquant grec. Katsouranis : «On croit en nos qualités » Le joueur grec, Katsouranis, a déclaré que son équipe était en pleine confiance et qu'elle croyait en ses qualités, même s'il faut affronter une équipe allemande, qui carbure à mille à l'heure : «Après notre prestation de samedi, nous sommes en pleine confiance. Entre nous, on plaisantait un peu en se disant qu'il nous restait quatre matches. On ne sait pas où notre aventure va nous emmener mais on croit en nos qualités. On ne cherche pas à se rassurer. Le football n'est qu'un jeu. On sait que notre équipe est bonne avec ce mélange d'expérience et de jeunesse" a déclaré Katsouranis.