Comme depuis le début de cet Euro-2012, le milieu offensif Andres Iniesta sera l'une des pièces maîtresses de l'Espagne en quête d'un triplé inédit, Euro-Mondial-Euro, face à l'Italie en finale dimanche à Kiev. Au passage, le petit milieu du Barça peut aussi être consacré meilleur joueur de l'Euro, un titre qu'il dispute pour l'instant avec Andrea Pirlo, le grand ordonnateur du jeu italien. Champion d'Europe 2008 et champion du monde 2010, Iniesta, joueur élégant en même temps qu'extrêmement efficace, a fait partie de tous les grands succès de l'Espagne de ces quatre dernières années. Buteur lors de la finale en Afrique du Sud au bout de la nuit, dans une prolongation face aux Pays-Bas extrêmement tendue (1-0), il a depuis accédé au rang de talisman de l'Espagne. Lors de cet Euro en Ukraine-Pologne, Iniesta a même encore gagné en influence dans le jeu de la Roja. D'abord parce que le petit milieu de 28 ans est enfin laissé tranquille par sa musculature capricieuse. Alors que son Mondial-2010 avait été perturbé par quelques pépins physiques, Iniesta, en dépit d'une très longue saison avec le Barça, peut profiter cette fois-ci à plein de son explosivité et de sa pointe de vitesse. Une aubaine dont Del Bosque et les Rouges se félicitent: avec un Xavi qui a au contraire suivi l'évolution inverse, émoussé et peu inspiré sur cet Euro, Iniesta s'est imposé comme un leader naturel de cette équipe, bien que lui-même, modeste comme toujours, s'en défende. "Je ne me sens pas un leader. Tout ce à quoi je prétends, c'est aider cette équipe du mieux que je le peux", expliquait-il récemment de sa voix calme et fluette. Mais autant Iniesta est discret à la ville, autant ses prestations sur le terrain suscitent l'admiration. Dans une équipe orpheline du meilleur buteur de son histoire David Villa, forcé de rester à la maison pour une fracture à un tibia, Iniesta et son art de la passe décisive se sont convertis en atout offensif N.1 de la Roja. "C'est un joueur qui à chaque match repousse ses limites", décrit son compagnon du Barça, Cesc Fabregas. "Il est dans un moment extraordinaire. C'est un joueur différent des autres, excellent dans la dernière passe et qui, ces dernières années, a également aiguisé son sens du but". Et le "faux neuf" de Del Bosque de confirmer: "C'est sans doute notre principale référence en attaque actuellement". Même si les statistiques n'attribuent à Iniesta qu'une passe décisive jusqu'ici dans le tournoi (contre la Croatie), rares sont les actions ibériques qui n'ont pas pour point de départ une accélération ou une feinte du milieu formé au Barça. Face au Portugal, il fut ainsi l'un des rares joueurs offensifs à s'illustrer au cours du temps réglementaire, cherchant à forcer la décision par des frappes manquant de peu le cadre. Déjà élu par deux fois homme du match (contre l'Italie et contre la Croatie), il n'est pour l'instant battu que par Pirlo dans ces titres honorifiques (3 bouquets pour le maestro italien). Contre les Azzurri, on devrait donc assister à une grande et belle empoignade entre ces deux hommes-clés, chacun dans son style.