Relations algéro-françaises, situation au Sahel, otages algériens, «normalisation» des relations avec l'Union européenne, la libre circulation des personnes et la réouverture des frontières avec le Maroc comptent parmi les sujets abordés par Mourad Medelci, ministre des Affaires étrangères et son homologue français, Laurent Fabius, lors d'une conférence de presse conjointe organisée, avant-hier, dans la soirée, à Djenane El Mithak (Alger). Diplomatiquement, chacun des deux ministres a tenu à exprimer les positions de son pays par rapport aux sujets évoqués, même si, pour cela, il répond à une question qui ne lui a pas été posée. Les sujets ont été abordés entre les deux ministres lors d'un entretien qui les a réunis, hier, avant que Laurent Fabius ne soit reçu, aujourd' hui, par le président de la République algérienne. Mourad Medelci et Laurent Fabius précisent, d'emblée, que l'Algérie est le premier pays arabe visité depuis la récente élection présidentielle française qui ont abouti à l'élection de François Hollande président de la République française. La libre circulation des personnes entre les deux pays a été, selon Medelci, l'un des sujets évoqués entre les deux ministres. «Pour ce qui est de la libre circulation des personnes, nous avons admis, de part et d'autre, que des efforts ont été faits dans ce sens, mais qu'il y a encore du progrès à faire», a déclaré le ministre algérien. Mourad Medelci annonce, lui, un accord qui sera conclu entre l'Algérie et la France pour la période 2012/ 2016, ajoutant que le président François Hollande effectuera une visite en Algérie avant fin 2012. Le ministre algérien a, également, abordé le sujet des essais nucléaires effectués par la France en Algérie. Il estime que «des efforts importants mais insuffisants ont été faits pour identifier les zones à risques». «Nous avons décidé de travailler ensemble pour régler ce problème», a-t-il ajouté. «La réouverture des frontières avec le Maroc n'est plus un tabou» Pour ce qui est de l'Union pour la Méditerranée (UPM), Medelci dira que l'Algérie s'est portée candidate à la présidence de cette organisation et annonce, pour ce qui est des relations avec l'Union européenne (UE), que la question du démantèlement tarifaire est bouclée. Répondant aux questions des journalistes lors de la conférence de presse, les deux ministres ont abordé plusieurs sujets. Celui de la réouverture des frontières entre l'Algérie et le Maroc n'est plus un tabou, selon Mourad Medelci. Laurent Fabius a exprimé l'entière disponibilité de son pays à oeuvrer pour le renforcement des relations entre l'Algérie et le Maroc. Mourad Medelci s'est félicité «des progrès enregistrés dans le renforcement, depuis quelques mois, des relations entre les deux pays». «La réouverture des frontières entre l'Algérie et le Maroc n'est plus un sujet tabou», en veut-il pour preuve de cette amélioration des relations entre les deux pays. Il note, également, que le blocage de l'Union du Maghreb arabe (UMA) «n'est pas lié au dossier du Sahara occidental». «Le dossier du Sahara occidental existait avant la constitution de l' UMA», explique-t-il. «Ce sont les événements de Marrakech qui sont derrière ce blocage. Chacun des deux pays avait pris des mesures», ajoute Mourad Medelci. Le ministre algérien faisait allusion à l'attentat de Marrakech attribué par le Maroc à l'Algérie. Le Maroc avait, rappelle-t-on, imposé le visa aux ressortissants algériens. «Trois des sept diplomates enlevés à Gao libérés» Le ministre algérien des Affaires étrangères a confirmé, lors de la conférence de presse, la libération de trois des sept diplomates algériens, enlevés le 5 avril, à Gao, ville du nord du Mali, par le Mouvement pour l'unicité et le jihad en Afrique de l'Ouest (Mujao). «Ils ont été libérés et se trouvent en Algérie», a-t-il annoncé. Il infirme, cependant, l'information selon laquelle les quatre autres otages ont été libérés. «Nous avons opéré dans la discrétion dans cette affaire pour réunir toutes les conditions favorables à leur libération et nous souhaitons qu'ils soient libérés dans les meilleurs délais», a annoncé Mourad Medelci. Le ministre français des Affaires étrangères, Laurent Fabius a, de son côté, déclaré que «la France et l'Algérie sont d'accord pour la recherche d'une solution politique à la situation au nord du Mali». Il ajoute, cependant, que «le groupe terroriste, qui sévit au nord du Mali, ne menace pas seulement l'Algérie, pays qui a beaucoup souffert du terrorisme, ni la région seule, mais le monde entier. Il faut le combattre avec les moyens nécessaires». La France n'écarte pas, selon des observateurs commentant les propos du ministre français, une éventuelle intervention militaire au nord du Mali, «si cela est nécessaire». Situation au nord du Mali : la réplique de Medelci à Laurent Fabius Le ministre algérien des Affaires étrangères intervient pour dire que «ce n'est pas seulement l'Algérie qui est pour une solution politique au nord du Mali, mais également le Maghreb arabe et l'Union africaine qui s'est exprimée, hier, à ce sujet». «Nous n'avons pas la prétention de posséder à nous seuls la clé de la solution au nord du Mali. La preuve, nous avons, ici à Alger, organisé un séminaire sur la situation au Sahel auquel nous avons invité des parties extrarégionales, en particulier la France», ajoute Mourad Medelci. D'aucuns interprètent les propos de Mourad Medelci comme une sorte de «réplique» à Laurent Fabius à ce sujet. Le ministre algérien faisait fort probablement allusion au président français sortant, Nicolas Sarkozy, qui, lors de son discours de campagne électorale pour l'élection présidentielle française, a déclaré que «l'Algérie possède la clé de la solution au nord du Mali». François Hollande en Algérie à la fin de l'année Le ministre algérien a, par ailleurs, et lors de la conférence de presse, annoncé que «l'accord de 1968 sera ratifié». Mourad Medelci l'a dit d'un ton qui semble être une réponse à Nicolas Sarkozy, accusé d'avoir tenté de vider cet accord de son contenu. Laurent Fabius a abondé dans le même sens, informant : «J'ai passé le projet de loi relatif à l'accord de 1968 en Conseil des ministres, la semaine dernière.» Laurent Fabius annonce, d'autre part, la visite du président de la République française François Hollande, en Algérie, à la fin de l'année.