Durant les trois premiers jours de Ramadhan, les différents pavillons des urgences médico-chirurgicales des hôpitaux de la capitale ont enregistré un nombre très important de patients dont la plupart souffraient de maladies chroniques. Les accidents de la route et les coups et blessures volontaires (CBV) à l'aide d'armes blanches viennent en tête dans les centres hospitaliers visités. Lors d'une virée, hier à travers les urgences des hôpitaux Bachir-Mentouri de Kouba, Mohamed Lamine-Debaghine de Bab El Oued et Mustapha Pacha d'Alger Centre, juste avant le f'tour, on a constaté la présence d'une foule importante de malades. Même constat après le f'tour. Pour ces patients-là, la plupart d'entre eux n'ont pas suivi leur régime alimentaire et mangent excessivement, ont affirmé les médecins urgentistes de garde. En effet, depuis le début du mois sacré, ce sont les diabétiques sous insuline et les ulcéreux qui semblent souffrir le plus de complications et qui constituent le grand nombre de malades qui fréquentent les services d'urgence. Il faut préciser que les habitudes culinaires ainsi que celles de la consommation changent radicalement pendant le mois de Ramadhan surtout que cette année il coïncide avec l'été et la chaleur insupportable pour les personnes âgées. A cet effet, les complications varient en genre et en gravité. Six cas de vomissements et de diarrhée ont été enregistrés dans le service des urgences du CHU Mustapha et qui ont reçu les premiers soins durant les trois premiers jours. Selon le médecin généraliste de garde, «les cas d'urgence sont généralement enregistrés au cours de la première semaine du mois sacré. Il s'agit des personnes malades qui ne suivent pas les conseils du médecin». Notre interlocuteur a souligné à ce propos que «les urgences du CHU Mustapha sont archicomble jour et nuit et même en dehors du mois sacré, qui connaît une affluence particulière». A noter que durant le premier jour du jeûne, 75 personnes se sont présentées au niveau du pavillon des urgences de médecine dont 15 faux malades. Pour celui de chirurgie, il a été enregistré 15 malades, de 8h jusqu'à 16h, dont 3 ont été admis en déchocage et 2 autres en réanimation. Durant la journée d'avant-hier, 6 malades ont été évacués vers les urgences de traumatologie Bichat suite aux accidents de la route. Durant les deux derniers jours, plus de 150 malades se sont présentés pour consulter dans le cadre de l'urgence dont 5 pour coups et blessures volontaires à l'aide de couteau. Ils ont été suturés et libérés. Coma hypoglycémique et douleurs épigastriques à BEO Le médecin urgentiste de l'hôpital Mohamed Lamine-Debaghine de BEO a indiqué qu'«il est question de deux cas d'urgences figurant parmi les plus fréquentes dans notre service. Ce sont le coma hypoglycémique et les douleurs épigastriques. Pour le coma hypoglycémique, c'est une complication dont risquent de souffrir les diabétiques sous insuline qui jeûnent malgré la maladie. Jusqu'à aujourd'hui, on a enregistré une vingtaine de cas. Malheureusement, on constate de nombreuses récidives. Quant aux douleurs épigastriques, elles sont une résultante de l'ulcère qui se complique davantage à cause du changement des habitudes culinaires. Surtout que les ulcéreux sont appelés à répartir les repas, chose difficile, voire impossible avec le jeûne. Ces cas de douleurs ne sont pas graves en général bien qu'ils requièrent le déplacement pour avoir l'avis d'un médecin car, ceux-ci risquent tout de même la perforation à défaut d'intervention adéquate». Le médecin a fait savoir qu'environ 5 cas de complications d'ulcère ont consulté depuis le début du jeûne. Par ailleurs, ce sont les malaises (vertige, hypotension, hyperglycémie) auxquels seraient exposées les personnes anémiques, les femmes enceintes, et autres qui sont signalées. Il faut noter que les douleurs abdominales, nausées et ventre ballonné, sont les cas les plus fréquents pour ceux qui consultent juste après le f'tour. Accidents domestiques et bagarres à l'arme blanche Au niveau des urgences de Bachir-Mentouri (Kouba), les médecins de garde ont indiqué que leurs services sont plus sollicités au mois de Ramadan avant le f'tour par les blessés (coups et blessures volontaires à l'aide d'armes blanche). «On a enregistré 8 cas dans ce service dont 3 grièvement durant les trois premiers jours de Ramadhan», a indiqué le chirurgien urgentiste de Kouba. Parmi les autres causes, «on peut citer les douleurs abdominales, notamment les indigestions et coliques néphrétiques (douleur au niveau des reins) essentiellement, la décompensation de toutes les maladies chroniques par la non-observance thérapeutique (prise de médicaments) étant donné que la répartition des prises sur les 24 heures est impossible, la déshydratation chez les personnes âgées, les céphalées, l'augmentation du taux de violence». On doit également citer l'augmentation des demandes de congé de maladies liées aux accidents de travail. «Il ne faut pas oublier que les patients préfèrent consulter la nuit par habitude sociale et aussi pour faire des injections», a fait savoir le médecin urgentiste en chef de Kouba. A noter que de 9h à 21h, «on a enregistré la consultation et l'examen de 106 malades durant le premier jour de Ramadhan et 26 cas en chirurgie pour plaie profonde à l'aide d'épée ou de couteau. Pour la seule journée d'avant-hier, on a eu à suturer une femme qui a été frappée par son époux avec un couteau. La victime a eu des blessures graves au crâne. Pour les accidents de la route, on élimine une urgence chirurgicale et on les transfert vers les urgences de Ben Aknoun», a indiqué le médecin urgentiste en chef.