Le service des urgences de l'hôpital Mustapha Pacha à Alger reçoit, durant le mois de Ramadhan, entre 4000 et 5000 patients par jour entre 9 et 16 h, selon des sources médicales. Lors d'une virée hier dans cet établissement, on a constaté que les pavillons des urgences étaient combles par les patients venant de toutes les communes pour consultation. Le hall et la salle d'attente des urgences médico-chirurgicales étaient bondés, sans distinction d'âge. Les attentes sont longues, ce qui poussent certains à rouspéter et prononcer des insultes et autres mots grossiers. Les sources médicales interrogées sur le nombre important de patients qui se présentent quotidiennement aux urgences ont indiqué que sur des milliers, près de 250 personnes seulement sont réellement malades et souffrent de pathologies nécessitant une exploration. Notre interlocuteur nous a fait savoir que le moment du f'tour est «délicat pour nous, car c'est à cet instant qu'on reçoit les cas urgents, comme les ulcères gastriques, l'hypoglycémie sévère et les victimes des accidents de la circulation routière et d'agressions à l'aide d'arme blanche. C'est en ces moments aussi que près de vingt personnes se présentent pour des soins». Notre source ajoute que «les urgences médicales accueillent surtout des blessés victimes d'accidents qui sont devenus un véritable fléau de société et qui fait ravage particulièrement durant ce mois sacré et surtout avant la rupture du jeûne». La plupart des médecins urgentistes de garde et les paramédicaux qui sont mobilisés au niveau de ces pavillons se plaignent d'être envahis et débordés, durant la journée et après le f'tour par une foule de personnes qui prétendent être malades mais en réalité ne nécessitant aucune urgence. «C'est de faux malades qui auraient pu être pris en charge au niveau des centres de proximité ou bien prendre un simple comprimés et le bobo est résolu», a indiqué un médecin urgentiste. Ce dernier a ajouté que «la logique des choses indique qu'afin d'assurer une prise en charge optimale des malades urgents, on doit faire les tris des consultants car les urgences sont consacrées uniquement aux cas nécessitant une urgence vitale». Sur les lieux, on a remarqué que le personnel du service des urgences médico-chirurgicales ne cesse pas de travailler, c'est tout un enchaînement sans arrêt, surtout quand ils ont à faire face à des cas dit délicats et sensibles, voire les malades nécessitant une hospitalisation dans la salle de déchocage. La salle d'attente et les box de médecine s'avèrent exiguës pour contenir toute cette affluence. Tout le monde se plaint, les malades d'une part (stress et douleur) et les employés d'autre part (surcharge de travail) car tous les deux sont dépassés. Les urgences après la rupture du jeûne Les sources médicales rencontrées à l'intérieur des urgences médico-chirurgicales du CHU Mustapha après le f'tour nous ont déclaré qu'entre 20h et 4h, ils reçoivent plus de 250 malades dont la plupart sont de «faux malades». En effet, la plupart des patients venant pour consultation après le f'tour présentent des troubles digestifs qui sont dus à une surconsommation et un mélange d'aliments, précisent les médecins urgentistes. Ces derniers ont ajouté que leur service reçoit également beaucoup de personnes souffrant de maladies chroniques comme le diabète car la majorité des diabétiques ne respectent pas le régime alimentaire durant le Ramadhan. Les urgentistes ont indiqué que face à un cas pareil, ils sont obligés d'ausculter le malade et de lui demander une prise de sang afin de vérifier le taux de sucre dans le sang. Si ce dernier est supérieur ou inférieur à la normale, le médecin doit le prendre en charge jusqu'à régularisation du taux et quand il remarque que son taux est normal, il le libère. Les médecins soulignent qu'ils sont durant cette période dépassés surtout par «les faux» malades qui, pour le moindre mal, se rendent aux urgences et les mobilisent pour rien. Par ailleurs, il faut noter que depuis le début de Ramadhan, le pavillon des urgences de l'hôpital Mustapha a enregistré une affluence inhabituelle de patients qui viennent pour une consultation suite aux différents malaises après le f'tour dont près de 50 d'entre eux présentent réellement une pathologie qui nécessite une prise en charge. Selon nos interlocuteurs, la plupart des malades présents dans le hall sont ici pour non-respect du régime alimentaire. Il faut signaler aussi que les hypertendus se présentent souvent pour des pics hypertensifs car ils mangent «n'importe quoi et n'importe comment» lors du f'tour et l'abus des aliments gras et salés leur provoque une hypertension artérielle. En outre, une moyenne de 80 consultations est effectuée entre 20h et 23h au niveau de ce service, nous a indiqué l'urgentiste, précisant que la foule et le nombre ne cessent d'augmenter jusqu'aux environs de 4h, c'est-à-dire l'heure du s'hour, et qui atteint par fois les 300. Le chef de service nous a indiqué : «Notre services est comble jour et nuit surtout durant ce mois». Il a ajouté que «les malades, tous âges confondus, souffrant de troubles digestifs arrivent en premier suivis des diabétiques et des hypertendus.»