Depuis la soirée de mercredi, les travailleurs de la laiterie Tassili de Draâ Ben Khedda, à 10 km à l'ouest de Tizi Ouzou, sont en grève. Encore un mouvement qui risque de frapper cette unité de production de lait et dérivés, et qui aura certainement des retombées négatives sur le marché du lait, surtout en cette période de Ramadhan où la consommation atteint des pics élevés. Les travailleurs réclament toujours les résultats de la commission d'enquête interministérielle qui s'est déplacée à l'usine il y a plus de cinq mois pour statuer sur le cas de la poudre périmée qui aurait été utilisée dans la production et établir un rapport sur la situation générale, notamment socioprofessionnelle, des travailleurs, ainsi que le respect du cahier des charges par le repreneur de la laiterie. Cependant, le dépôt d'une plainte par le repreneur contre un syndicaliste membre du collectif des travailleurs pour motif d'insultes, propos grossiers et menaces, durant la matinée de mercredi 25 juillet, a été la goutte qui a fait déborder le vase, explique un délégué. Ce dernier précise que suite à cela, c'est l'équipe qui assurait la rotation de 22h à 5h du matin (nouveaux horaires du Ramadhan), qui a déclenché la grève. Depuis, c'est le statu quo, et l'usine est à l'arrêt. Joint par nos soins, le syndicaliste contre lequel la plainte a été déposée a nié avoir tenu des propos grossiers ou avoir menacé le repreneur. «Je n'ai jamais menacé ni tenu des propos grossiers contre lui. Alors qu'il m'invitait à le rejoindre au milieu d'une foule des travailleurs, je lui ai tout simplement répondu que je ne peux rester auprès de voleurs», nous a déclaré le délégué qui a préféré s'exprimer sous l'anonymat. Ce dernier a été convoqué le même jour au commissariat de police de daïra de Draâ Ben Khedda pour interrogatoire. Sur place, un PV a été établi en la circonstance. Les travailleurs tiennent par ailleurs à dénoncer le silence des pouvoirs publics qui, selon eux, «ne veulent pas intervenir pour mettre un terme définitif à ce feuilleton». «Pourquoi les résultats de la commission d'enquête tardent-ils autant à être rendus publics?», «Qui protège-t-on derrière ces résultats ?» et «Qui a intérêt à ce que la situation reste inchangée ? sont les questions que le collectif des travailleurs de la laiterie se pose. Les travailleurs avaient, pour rappel, observé trois jours de grève au début du mois de juillet en cours pour réclamer les résultats de la commission et dénoncer «l'anarchie et les intimidations qui rongent la laiterie». Le fédéral de la Fédération nationale des travailleurs de l'industrie agro-alimentaire (FNTIAA) était intervenu et avait convaincu les travailleurs de reprendre le travail, tout en leur promettant de faire en sorte que les résultats seront connus le plus tôt possible. Hélas, jusqu'à présent, aucune suite n'est donnée à la requête des travailleurs. Ces derniers restent, indiquent-ils, «déterminés à maintenir la pression pour faire tomber les masques».