Le conflit à la laiterie de Draâ Ben Khedda, à l'ouest de Tizi Ouzou, semble reprendre entre les travailleurs et la commission interministérielle dépêchée, rappelle-t-on, fin février dernier pour enquêter sur la gestion de l'unité de production de lait et dérivés. Les travailleurs ont observé hier une journée de grève pour protester contre «le retard» pris par la commission dans la remise des résultats de son enquête. «Après plus de quatre mois, nous voilà au point zéro, comme si rien ne s'est passé à la Laiterie de DBK. Les travailleurs en ont marre d'attendre», nous dira un membre du collectif des travailleurs. L'arrêt de travail a été entamé hier matin dès 8h. Désespérés, les 360 travailleurs ont décidé de passer à l'action en paralysant l'unité. Pis encore, ils menacent de durcir le ton et entrer dans une grève illimitée. Une action pareille avait paralysé l'ex-Orlac entre octobre 2011 et février 2012. Les travailleurs avaient réclamé le départ du repreneur et la reprise par l'Etat de la laiterie privatisée en 2008, ainsi que l'envoi d'une commission d'enquête pour faire la lumière sur «les irrégularités constatées dans la production du lait». Après plusieurs réunions, il a été convenu à la fin du mois de février, suite à la médiation de la Fédération nationale des travailleurs de l'industrie agroalimentaire (FNTIAA), «le gel de la grève et la reprise de l'activité par l'ensemble des travailleurs de la laiterie de DBK pour permettre à la commission d'enquête d'engager son travail dans le calme et la sérénité». Mais la commission composée des départements ministériels de l'Agriculture, de l'Industrie, du groupe Giplait et des représentants de l'UGTA semble ignorer les clauses de l'accord signé avec les travailleurs, celui de rédiger un rapport détaillé sur la gestion du repreneur et les prétendus «dépassements et irrégularités» qui pourraient être constatés dans la production. «Nous avons respecté notre engagement en reprenant le travail dans le souci de préserver la laiterie, mais aussi pour ne pas condamner les citoyens de toute une région. Cependant, nous ne voyons rien venir de la part des pouvoirs publics. A chaque fois que nous demandons après les résultats de l'enquête, on nous avance des excuses comme ce fut le cas pour les élections législatives», regrette le même représentant. Et de se demander «pourquoi autant de temps pour rédiger un rapport ?» S'agissant de la situation actuelle au niveau de la laiterie, notre interlocuteur explique que «malgré l'annulation des poursuites judiciaires, des pressions sont quotidiennement exercées sur les travailleurs». Il fera savoir par ailleurs que ces derniers n'ont pas été payés pour les quatre mois de grève observés. Hier, en fin d'après-midi, le manque de lait en sachet commençait déjà à se faire sentir, selon des échos qui nous sont parvenus des quatre coins de Tizi Ouzou. Une autre grève illimitée risque de jeter la région dans une crise, lorsqu'on sait que l'unité de DBK produit à elle seule pas moins de 320 000 litres/jour, soit 85% des besoins de la wilaya.