Les coupures récurrentes d'électricité vécues depuis le début de l'été continuent à susciter l'ire des consommateurs, particulièrement les commerçants qui enregistrent des pertes considérables. L'Union générale des commerçants et artisans algériens (UGCAA) affirme que le problème touche plus de 300 000 commerçants, engendrant des dégâts estimés à 2 milliards DA. A défaut de trouver des solutions concrètes sur le terrain, Sonelgaz adopte la politique de la fuite en avant et annonce des projets à horizon 2017. Dans ce contexte, Sonelgaz anime un débat, mais sans annoncer des mesures adéquates, pour pallier ce problème. La rencontre a été initiée par le Réseau algérien des médias pour l'économie verte et l'environnement (Rameve), qui a organisé, dans la soirée de lundi, un débat autour de la question. Les représentants d'établissements et institutions chargés de la gestion et de la régulation d'électricité ainsi que des chercheurs ont tenté d'apporter des explications à ce phénomène qui se répète pratiquement chaque été, mais aussi de proposer des solutions. Selon Aziz Ameyoud, directeur de conduite système à l'Opérateur système (OS), filiale de Sonelgaz, «une grande partie des coupures survenues récemment est due à des problèmes techniques et non à des arrêts programmés», ajoutant que «la situation actuelle résulte de l'approche adoptée par les pouvoirs publics durant les années 1990 et qui misait sur les investissements directs étrangers pour répondre à la demande interne en électricité pour des considérations économiques et sécuritaires». Les autorités ont attendu, selon le même responsable, jusqu'au début des années 2000 pour changer cette orientation du fait que la première option n'avait pas apporté les résultats escomptés. Les investissements publics consentis actuellement pour renforcer la production nationale d'électricité représentent, toutefois, «un effort de rattrapage par rapport à la période précédente». M. Ameyoud a expliqué que «l'offre nationale en électricité ne fait pas défaut puisque la capacité installée est estimée actuellement à plus de 11.000 MW, même si la capacité réelle, c'est-à-dire celle mobilisée, est inférieure d'un millier de MW (10.000 MW) pour une demande globale de près de 9.000 MW». Or «la demande en électricité, qui a connu fin juin un pic de plus de 8800 MW avec deux sommets de sollicitation de capacité enregistrés en début d'après-midi et de soirée, se traduit par une augmentation de la capacité mobilisée par le parc national de centrales, ce qui provoque le plus souvent des problèmes techniques au niveau des installations de distribution et qui sont, dans une large mesure, à l'origine de ces coupures». Poursuivant dans la même optique, il a précisé que «les pouvoirs publics misent sur une capacité installée supplémentaire de 12.000 MW en 2017, soit plus du double de l'offre actuelle». Un pic de 22% De son côté, Adjib Radi, cadre à la Commission de régulation d'électricité et du gaz (Creg), a relevé que le pic de consommation est passé progressivement de l'hiver à l'été à partir de 2003, en raison notamment du changement des habitudes de consommation des ménages algériens. Ce passage de pic est à l'origine de la forte croissance annuelle de la demande nationale d'électricité estimé à 14% et qui a atteint 22% en 2012, pour les seules régions de Biskra et El Oued.