Et si les raisons de tous ces désagréments causés par les coupures d'électricité sont autres que celles avancées jusqu'ici ? On a dit et redit que la demande est plus forte que l'offre. Pas tout à fait juste, répondent des experts qui ont sérié d'autres causes, telles l'importation et l'utilisation d'appareils «énergivores», la négligence de l'aspect de l'efficacité énergétique dans la construction des logements, etc. Représentants d'établissements et institutions chargés de la gestion et de la régulation d'électricité ainsi que des chercheurs ont ainsi tenté d'apporter des explications à ce phénomène qui se répète pratiquement chaque été mais aussi de proposer des solutions. La politique énergétique nationale ne correspond pas à la réalité du terrain et le modèle énergétique algérien «a largement contribué à cette situation», estime le chercheur au Centre de développement des énergies renouvelables (CDER), Salim Kehal. «La demande nationale en énergie est tout simplement beaucoup plus forte que l'offre», a-t-il dit. Cet avis n'est pas partagé par Aziz Ameyoud, directeur de conduite système à l'Opérateur système (OS), filiale de Sonelgaz, qui affirme que l'offre nationale en électricité ne fait pas défaut puisque la capacité installée est estimée actuellement à plus de 11 000 MW, même si la capacité réelle, c'est-à-dire celle mobilisée, est inférieure d'un millier de MW (10 000 MW) pour une demande globale de près de 9 000 MW. «L'absence d'un véritable mix énergétique, l'importation d'équipements énergivores et la négligence de l'aspect de l'efficacité énergétique lors de la construction des logements ont contribué à la hausse de la consommation», a expliqué M. Kehal, estimant que les besoins réels seraient vraiment inférieurs aux chiffres affichés avec la mise en place d'une stratégie nationale et intégrée pour l'efficacité énergétique. «L'Etat algérien a investi sur des logements qui ne répondent pas aux normes bio-climatiques. Ces logements sont énergivores», a dit M. Kehal. Outre cela, il expliquera que l'économie algérienne s'est ouverte d'une manière incontrôlée. «Ainsi, nous avons eu affaire à des importations de produits énergivores», a-t-il encore dit. A titre d'exemple, il citera des lampes qui consomme plus qu'il n'en faut. Même chose pour les appareils électriques importés ou fabriqués localement. «Le problème des coupures et de délestages réside dans le retard enregistré dans la réalisation des investissements», estime, pour sa part, le directeur de conduite système à l'Opérateur système (OS), filiale de Sonelgaz, Aziz Ameyoud. Selon lui, la situation actuelle résulterait de l'approche adoptée par les pouvoirs publics durant les années 1990 et qui misaient sur les investissements directs étrangers pour répondre à la demande interne en électricité pour des considérations économiques et sécuritaires. «Les autorités ont attendu jusqu'au début des années 2000 pour changer cette orientation du fait que la première option n'avait pas apporté les résultats escomptés», a-t-il souligné. «Les investissements publics consentis actuellement pour renforcer la production nationale d'électricité représentent un effort de rattrapage par rapport à la période précédente», a-t-il ajouté. Evoquant le délestage, il a tenu à souligner qu'il constitue «un dernier recours pour redresser l'équilibre entre l'offre et la demande», ajoutant qu'une grande partie des coupures survenues récemment est due à des problèmes techniques et non à des arrêts programmés.