Sonatrach revient dans le football. L'information n'est plus à prendre avec des pincettes puisqu'elle est tout ce qu'il y a de plus officiel, surtout quand elle émane du PDG de l'entreprise qui indique qu'outre le MC Alger, la Sonatrach, à travers quelques-unes de ses filiales, va parrainer le CS Constantine, le MC Oran et la JS Saoura. Il est évident que ce retour s'inscrit dans une démarche politique. Ce sont les hautes sphères du pouvoir qui ont demandé aux responsables de la première entreprise du pays et en Afrique d'amener celle-ci à investir dans le football. L'impact qu'a ce sport dans la société est connu. Il vous calme les gens et la rue lorsque les résultats sont là. Les bons évidemment. C'est dans cette optique que s'inscrit l'opération du retour de Sonatrach dans les affaires du premier sport dans le pays. Surtout celle qui concerne le Mouloudia d'Alger. C'est peu de dire que ce club était en train de se diriger vers une forme de trabendisme dans le football que vers un vrai professionnalisme. Les mois qui se sont écoulés nous ont offert l'image d'une association sportive dirigée par un seul homme et soumise au vent de la contestation avec des manifestations et des regroupements un peu partout dans la capitale et dans ses environs. Les pouvoirs publics ont bien compris, même si c'est avec un peu de retard, qu'une telle situation ne pouvait plus durer. Un MCA géré comme il l'est actuellement c'est laisser planer le risque d'un embrasement populaire quand on sait que le moindre mauvais résultat de ce club donne lieu à des réactions parfois très violentes de la part des supporters. Comme il s'agit du club le plus populaire du pays, on ne peux pas laisser la situation empirer. C'est ce qui explique cette proposition de Sonatrach de rentrer dans le capital de la SSPA-MCA. Une démarche qui obéit à une décision des pouvoirs publics qui veulent que cette association sportive soit gérée de la façon la plus professionnelle. On remarquera d'ailleurs que si les filiales de Sonatrach vont entrer dans le capital du CSC, du MCO et de la JSS à hauteur de 51%, pour le MCA, ce sera une participation à 100%. En d'autres termes, la Sonatrach ne veut personne d'autre dans le Conseil d'administration de la SSPA qu'elle-même. A partir de là, l'avenir de ceux qui dirigent le club professionnel en ce moment est tout tracé : ils sont appelés à prendre la porte de sortie. Selon ce que nous avons appris d'une source fiable de l'entreprise, celle-ci est appelée dans un premier temps à remettre à flots le club, le mener vers une gestion saine et transparente puis, dans quelques années, elle pourrait envisager de laisser un ou deux autres actionnaires entrer dans le capital de la SSPA. «Le MCA est un cas à part dans le football, nous a-t-on dit. Il faut le manipuler avec précaution. On ne peut le laisser entre les mains de n'importe qui. C'est cette crainte de le voir prendre des chemins tortueux qui a incité les pouvoirs publics à demander à Sonatrach d'intervenir pour le prendre.» Pour l'entreprise, il s'agira d'un retour dans un club qu'elle connaît bien pour l'avoir eu sous sa coupe de 1977 jusqu'à 2000. Une longue période durant laquelle le Mouloudia a certes été bien géré, moyennant des sommes considérables, mais un Mouloudia qui en est ressorti avec un patrimoine quasi nul. Ce club qui passe pour être le premier du pays en termes de popularité n'a, aujourd'hui, pas même un stade où s'entraîner, ni un centre pour former ses jeunes pousses. C'est là le plus grand ratage de Sonatrach durant la période d'application du Code de l'EPS de 1977 alors que l'argent ne manquait pas. Le retour de Sonatrach, il faudra le voir non pas comme celui d'un actionnaire qui va amener des sous pour acheter les plus grands joueurs du pays (il faudrait d'abord qu'il y en ait), mais pour contribuer à donner à ce club une assise solide, une base de gestion professionnelle et surtout un patrimoine avec tout ce que ce terme sous-entend comme infrastructures (centre de formation, centre d'entraînement, etc.). L'ETRHB-Haddad et maintenant Sonatrach. Ce sont de tels investisseurs dont le football algérien a besoin. L'USMA a déjà montré la voie que le MCA voudrait emprunter sachant qu'au final c'est le pays et son sport numéro 1 qui en profiteront avec en projection les équipes nationales. Avec des clubs forts, un sport ne peut être que fort. Espérons que les autres associations sportives suivront.