Eric Denécé, directeur du centre français de recherche sur le renseignement (CF2R) a analysé, pour «Le Temps d' Algérie», la récente menace proférée par le mouvement pour l'unicité et le jihad en Afrique de l'Ouest (MUJAO) contre l'Algérie si le pays ne libérait pas les trois terroristes d' Al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI) arrêtés le 15 du mois en cours par les forces spéciales de l'Armée nationale populaire (ANP) à Berriane, dans la wilaya de Ghardaïa. Le Temps d'Algérie : Pourquoi, d'après vous, le MUJAO vole-t-il au secours de l' AQMI? Les deux organisations terroristes ne font-elles finalement qu'une ou est-ce un partage des rôles entre les deux nébuleuses? Eric Denécé : Ansar Eddine, comme le Mouvement pour l'unification et le djihad en Afrique de l'Ouest (MUJAO), sont devenus des «quasi-filiales» d'AQMI à qui elles servent de «paravent». Leur action correspond à une logique d'expansion territoriale d'AQMI dans tout le Sahel. En grande majorité, les effectifs du groupe dirigé par Iyad Ag Ghali sont sortis des entrailles d'AQMI qui a mis à leur disposition toutes ses capacités. Ils réagissent car s'en prendre à AQMI revient à s'en prendre à eux. Ils sont solidaires. Autre chose, le MUJAO est censé sévir en Afrique de l'Ouest, si l'on se refère à son appellation (mouvement pour l'unicité et le jihad en Afrique de l'Ouest). Pourquoi donc, d'après vous, s'acharne-t-il contre l'Algérie et sévit-il au nord du continent? Le MUJAO, quand il parle de l'Afrique de l'Ouest, englobe tout l'espace sahélo-saharien, dont le Sud de l'Algérie fait partie. Au demeurant, l'appellation n'a pas grand sens. Les terroristes sont des perturbateurs qui vont où bon leur semble, là où ils peuvent conduire leurs actions. Il s'en prend à l'Algérie car votre pays est devenu un acteur régional majeur qu'ils cherchent à neutraliser car ils ne veulent pas avoir deux fronts contre lesquels lutter (les Algériens et les Occidentaux). Entretien réalisé par