L'arrestation de trois membres d'Al Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) par les forces spéciales de l'Armée nationale populaire (ANP), le 15 du mois en cours à Berriane, dans la wilaya de Ghardaïa, est un succès pas seulement strictement militaire, mais aussi d'ordre stratégique, puisque ayant poussé le Mouvement pour l'unicité et le jihad en Afrique de l'Ouest (Mujao) à lever le voile sur les raisons réelles entourant la création de cette organisation terroriste. C'est en décembre 2011 que la création du Mujao a été annoncée. L'organisation terroriste dirigée par le Mauritanien Hamada Ould Mohamed Kheirou est présentée comme étant issue d'une «dissidence» d'Aqmi. Depuis, l'organisation terroriste a commis plusieurs actes terroristes centrés mystérieusement sur l'Algérie, dont l'enlèvement, le 5 avril dernier, du consul général algérien à Gao, ville du nord du Mali, et de six autres membres de sa mission diplomatique, l'enlèvement de trois humanitaires occidentaux dans les camps de réfugiés sahraouis dans la wilaya de Tindouf, ainsi que des attentats-suicides dans les wilayas de Tamanrasset et Ouargla. Le Mujao et ceux qui le dirigent ont, rappelle-t-on, fait une première erreur, celle liée à son appellation. En effet, l'organisation terroriste est censée sévir en Afrique de l'Ouest, si l'on se réfère à son appellation, alors que ses efforts criminels sont concentrés contre l'Algérie et le nord du continent. La deuxième erreur commise par le Mujao date d'avant-hier, avec le communiqué rendu public par cette organisation terroriste. Le communiqué du Mujao est une réaction à l'arrestation par les forces spéciales de l'ANP, le 15 août dernier, de trois terroristes d'Aqmi à Berriane, dans la wilaya de Ghardaïa. Parmi les trois terroristes arrêtés, rappelle-t-on, Abou Issehak Essoufi, émissaire d'Abdelmalek Droukdel, alias Abou Mossaâb Abdelouadoud, «émir» national d'Aqmi pour le Sahel. Dans son communiqué de samedi, le Mujao menace l'Algérie si elle ne libère pas les trois membres d'Aqmi. L'organisation terroriste prouve ainsi qu'elle est loin d'être dissidente d'Aqmi dont elle semble prendre la défense. Pourquoi donc annoncer sa dissidence d'Aqmi ? La réponse à cette question peut ne pas être aisée, car opaque est la composition du Mujao dont on connaît peu de choses. Une énigme à laquelle s'en ajoute une autre, celle liée à la capacité de nuisance du Mouvement pour l'unicité et le jihad en Afrique de l'Ouest. En effet, l'organisation terroriste semble disposer d'une capacité de nuisance supérieure à celle d'Aqmi dont elle serait dissidente. Une force dont le Mujao s'est doté en un temps record si l'on se réfère à la date de l'annonce de sa création. Le voile se lèvera-t-il davantage sur l'identité réelle du Mujao ? Possible en cas d'autres erreurs que l'organisation terroriste ne manquera pas de commettre peut-être dans un proche avenir.