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Sellal en pompier à Tipaza
Logement, malvie
Publié dans Le Temps d'Algérie le 29 - 08 - 2012

La visite de travail du ministre des Ressources en eau Abdelmalek Sellal mardi dans la wilaya de Tipasa n'a pas été des plus banales. De surprise en surprise, cette visite dans cette belle wilaya côtière à quelques encablures de la capitale a même failli se transformer en «mésaventure».
Après le passage de la délégation par la gigantesque station de dessalement d'eau de mer de la ville de Fouka, où le ministre s'est enquis de l'avancement des travaux de raccordement de cette nouvelle infrastructure aux différents quartiers de cette localité afin de renforcer l'alimentation en eau potable et instruit les responsables sur «la réévaluation du projet de façon à augmenter le nombre des ouvrages permettant d'effectuer les extensions possibles», le cortège ministériel s'est dirigé ensuite vers la commune de Damous où il a été question de la visite du nouveau barrage de Kef Eddir, en cours de réalisation.
Pas d'accès au barrage Kef Eddir sans décision de relogement
Située sur les hauteurs de la paisible localité de Damous, la construction de ce barrage ne semble pas être du goût des habitants de Khelelidj, qui ont profité du passage du ministre sur le chantier pour lui en couper l'accès à l'aide de bâtons de fer et autres matériaux. Les protestataires, dont le nombre ne dépasse pas les 50, se sont rassemblés à l'entrée du chantier et exigé de rencontrer le ministre faute de quoi le cortège n'aurait pas accès à l'intérieur.
Leur souhait fut vite exaucé. Abdelmalek Sellal descend de son véhicule. Sans même faire appel à sa garde rapprochée, il se met devant ces jeunes protestataires pour écouter leurs doléances. «Nous sommes lésés. Nous sommes les oubliés des autorités locales», disent-ils tous en même temps.
«Nous vivons à Khelelidj depuis que nous sommes venus au monde. Notre vie a été chamboulée depuis quelques années en raison du lancement de ce chantier pour la construction du barrage ainsi que de la carrière à béton située derrière nos maisons», dira le représentant des protestataires. «Nous souffrons le martyre en raison des nombreux désagréments occasionnés par ces deux chantiers : atmosphère polluée par la poussière et autres matériaux de construction dégagés par ces chantiers, absence totale d'hygiène, tapage nocturne, nous ne pouvons plus supporter cette situation plus longtemps»,
affirment les jeunes protestataires. «Le wali nous a promis en 2006, au lancement de ce chantier, de nous reloger pour nous éviter ce calvaire, mais rien n'a été fait à ce jour.
Les responsables étaient contraints de détruire un certain nombre de baraques pour délimiter la superficie du chantier, mettant ainsi des familles dehors sans aucune contrepartie. Nos enfants sont malades, nous souffrons en silence depuis près de six ans et toutes nos interpellations aux différentes autorités sont restées lettre morte», ont-ils dit. «Que proposez-vous ? Quelle est la solution qui vous arrange ?» réplique Abdelmalek Sellal. «Nous voulons être relogés et quitter ce lieu maudit», répondent les protestataires.
Le ministre propose d'entamer un chantier le 15 octobre prochain pour la réalisation de logements au profit de ces habitants. «Vous êtes combien de familles ?» a interrogé le ministre. «43, M. le ministre». «Le promoteur dera prêt à entamer le travail dès la semaine prochaine». Sentant de l'hésitation chez ces habitants qui insistaient sur «l'urgence de leur situation qui dure depuis plus de six ans», le ministre demande à Cosider de prendre la situation en main. Après avoir eu l'accord sur la disponibilité du terrain, il demande au directeur de Cosider d'accélérer la réalisation de 43 logements pour satisfaire au plus vite la demande de ces habitants. «Vous êtes capables de le faire dans les meilleurs délais. Vous avez les capacités et les moyens nécessaires», a dit le ministre au directeur du projet tenu par Cosider.
C'est alors que les jeunes ont procédé à la réouverture du chantier. «Ne laissez plus les problèmes de la population s'amplifier de manière à leur pourrir la vie. Vous auriez dû régler le problème il y a longtemps. Leur souffrance dure depuis 6 ans et il a fallu que j'intervienne pour trouver une solution en 10 minutes.
C'est ce que vous auriez dû faire avant», a dit le ministre au responsable du projet. La réalisation du barrage destiné à alimenter les villes de Tipasa, Aïn Defla et Chlef avait été suspendue pendant une année et demie après la résiliation du contrat avec le groupement italien Pizzarotti-Todini. La réalisation est confiée à Cosider-Travaux publics depuis mars dernier pour l'achèvement des travaux. «Il faut réduire le délai de réalisation», suggère le ministre. «Le taux d'avancement est de 69%, nous pensons livrer le projet dans 14 mois», répond le DG.
Emeute à Damous : «On veut voir le ministre !»
La délégation ministérielle reprend la route en direction de la localité de Sidi Amer, prochain point de la visite. Elle est, une nouvelle fois, confrontée à une émeute entre Damous et Gouraya, plus précisément au pont Oued Kellal.
Cette fois, ce sont les habitants d'Aghbal qui ont saisi le passage du cortège ministériel pour faire entendre leurs revendications et exiger des solutions urgentes. Apparemment, ils n'ont trouvé d'autre solution pour interpeller les autorités locales que de couper le passage au cortège ministériel.
Ainsi, des jeunes encagoulés ont coupé la route sur près de 300 m en utilisant des pneus et des troncs d'arbres brûlés. Ils exigent le départ de l'entreprise en charge du projet de réhabilitation de la route reliant ce village à la RW n°14. Mustapha Layadi, wali de Tipasa, tente des négociations pour calmer la population en furie. Le ministre reste dans sa voiture, le visage fermé et les traits crispés. Une heure plus tard, le wali n'obtient aucun résultat. «Les jeunes sont surchauffés, ils veulent l'affrontement. Je ne veux pas jouer cette carte», dira-t-il quittant les émeutiers.
A ce moment, c'est la brigade anti-émeute de la Gendarmerie nationale qui arrive sur les lieux pour dégager la route. La délégation ministérielle s'est réfugiée dans la daïra de Damous où elle est restée près de deux heures. Aux environs de 15h30, elle quitte le siège de la daïra pour poursuivre son itinéraire après que la gendarmerie eut réussi à ouvrir la route à la circulation en interpellant plusieurs jeunes.
Interrogé pour avoir de plus amples de détails sur cette émeute, le wali de Tipasa affirme que les habitants «exigent de lui d'arrêter immédiatement l'entreprise en charge de l'élargissement de la route entre Gouraya et Aghbal et veulent que cela soit pris en charge par le ministre lui-même», a-t-il dit. «Ils avancent comme arguments le mauvais travail effectué par cette entreprise nationale, la lenteur des travaux, le retard enregistré dans l'avancement du projet et le manque de respect envers la population locale». Mostapha Layada opte pour la sagesse, la rigueur et le respect de la réglementation en vigueur.
«Le marché a été signé et l'entreprise est installée sur place pour accomplir sa mission. S'il y a manquement à ses engagements, des mesures seront prises pour remédier à la situation. Je ne tolère pas non plus qu'un citoyen exige de moi de placer telle ou telle entreprise. Cela étant, tout citoyen est respecté et son avis est le bienvenu. S'il y a des griefs, il faut les signaler et agir avec un sens aigü de la citoyenneté», dira le wali, qui a proposé aux émeutiers de revenir jeudi pour «examiner ensemble la situation et voir comment régler les problèmes posés».
M. Layada estime que «l'Algérie vient de sortir d'une période très difficile et n'a pas encore pu créer des canaux de communication efficaces avec les citoyens».
Le projet de réhabilitation de cette route a été entamé depuis 8 mois. L'entreprise semble enregistrer un retard de trois mois en raison des intempéries de l'hiver dernier. La visite ministérielle a été écourtée en supprimant deux points inscrits dans le programme, à savoir Sidi Amer et Hamr El Ain. La délégation s'est dirigée vers la station de dessalement d'eau de mer de Tipasa où la Société d'eau et d'assainissement d'Alger (Seaal) gère le secteur de Tipasa depuis janvier 2012.


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