Hier, à l'USTHB, un rassemblement des corps communs au niveau du rectorat de cette université a été observé au second jour de la grève de trois jours entamée dimanche. Le taux de participation était de 95% parmi les adhérents au Snapap et de 72% de l'ensemble de l'effectif du campus, où un service minimum a été assuré. Aux environs de 11h, ce sont près de 634 employés qui avaient effectué leurs pointages au niveau du piquet de grève afin de rester dans la légalité. Mohammed Latrèche, secrétaire général de la section syndicale nationale du Snapap au niveau de l'USTHB, nous a indiqué que «cette grève était légitime car le syndicat qui l'a lancé est agréé et les revendications concernent de nombreux travailleurs, tous secteurs confondus, qui ne veulent plus vivre dans la précarité». Il a précisé que «la période choisie n'est pas anodine car la rentrée est une bonne conjoncture pour faire pression. De plus, cela fait deux ans que nous sommes entrés en grève, comme nous n'avons reçu aucune réponse, nous avons donc décidé d'entamer de nouveau un mouvement». Concernant les éventuelles ponctions sur salaire auxquelles ils pourraient être confrontés, il nous a indiqué que «malgré les menaces et les dépassements, nous continuerons le combat». «Nous avons reçu des menaces ce matin (hier matin ndlr), la responsable du service du personnel général a obligé les fonctionnaires à émarger au niveau de l'administration. M. Latrèche a déploré le manque de solidarité entre les syndicats dans leur lutte pour les intérêts de leurs adhérents. «Malheureusement, nous ne sommes pas soutenus par les autres organisations syndicales, seules les sections nationales du Snapap nous soutiennent alors que nous avons toujours été solidaires des actions des autres, telles celles de l'UGTA, car nous pensons que la solidarité entre travailleurs est nécessaire», a-t-il dit. Par ailleurs, il espère un large écho de cette manifestation dans les médias afin d'obtenir le soutien des autres organisations syndicales et de la population. «Les corps communs est la catégorie de travailleurs la plus humiliée. Nous sommes traités comme des citoyens de seconde zone alors que nous demandons des conditions de vie décente», s'indigne-t-il. Pour sa part, Adel Mallaouili, représentant au Snapap de la Fédération des agents de sécurité à l'USTBH, nous a indiqué que la première journée de mobilisation a été un franc succès et qu'il s'attendait à un large mouvement car la majorité des militants ont adhéré à cette grève. Ils réclament entre autres, une allocation de 5000 DA pour les femmes au foyer, l'augmentation des allocations familiales, le droit à la formation, l'amélioration du pouvoir d'achat et des conditions de travail. Les travailleurs nous ont indiqué vivre dans une précarité telle qu'ils n'en peuvent plus. Une femme de ménage gagne 16 872 DA par mois. Une secrétaire d'administration depuis 20 ans nous indiquera qu'elle a une paie de 22 400DA. «J'ai eu un prêt de 200 000 dinars pour me soigner d'une grave maladie, mais que je dois rembourser en dépit de mon faible salaire», nous a-t-elle expliqué. Houria, agent technique dans une bibliothèque, depuis 32 ans, nous indiquera être en retraite depuis peu, mais son salaire est insuffisant pour subvenir à ses besoins. Tous disent être victimes d'injustice, vivre dans une précarité extrême et à crédit, alors que les enseignants ont des avantages non négligeables. «Les revendications des grévistes sont légitimes» Au cours de la manifestation, une nouvelle est tombée. Le secrétaire de l'université, Rabah Sayad, et le conseiller au rectorat, M. Boudela, ont accepté de recevoir des syndicalistes et leur ont annoncé être prêts à servir d'intermédiaires entre la section locale du Snapap et les ministères concernés, afin que leurs revendications ne restent pas lettre morte. Sur la légitimité de la grève, M. Boudela nous a indiqué que la section locale du Snapap n'avait pas discuté de cette manifestation avec l'administration au préalable et qu'elle était déclarée de l'extérieur. «Nous sommes en relation permanente avec la section locale, si les revendications concernent la faculté nous pouvons en discuter mais si elles sont plus larges, c'est aux ministères de s'en charger. Pour nous, ce mouvement est légitime, mais cela ne relève pas de nos prérogatives.» Il indique avoir reçu les syndicalistes afin de leur rappeler leurs droits et leurs devoirs durant un mouvement de grève, la nécessité d'assurer un service minimum, l'interdiction pour les employés non militants du Snapap d'adhérer à cette manifestation. «Au niveau de la plateforme de revendications, aucun des points ne relève de l'établissement mis à part le droit à la formation. Chaque année, dans notre plan de gestion, nous incluons la formation pour tous les travailleurs. Pour tout ce qui concerne le bon fonctionnement de notre université, notre devoir est de fournir tous les moyens afin que les employés travaillent dans les meilleures conditions. Il nous a indiqué avoir recommandé aux syndicalistes de rédiger un courrier qu'il transmettra aux instances concernées. «Mon rôle est d'écouter mes collègues en difficulté, je leur garantit que je vais suivre le dossier car leurs revendications sont légitimes. Le meilleur moyen d'obtenir satisfaction est de discuter, négocier», a souligné le conseiller du recteur.