Les lycées et les universités étaient paralysés hier. L'appel à la grève de trois jours lancé par l'intersyndicale de la Fonction publique a été massivement suivi dans les deux secteurs de l'enseignement supérieur et de l'éducation nationale. Les lycées de la capitale étaient, à majorité, bloqués. A Alger-Centre, à Ben Aknoun, à Kouba, à Bab El Oued et partout où sont implantés les deux syndicats, le Conseil national des professeurs de l'enseignement secondaire et technique (Cnapest) et le CLA, il n'y a pas eu cours. Les élèves étaient libérés dès les premières heures de la matinée. « Le taux de suivi de la grève à Alger a atteint 94% », estime, au début de la journée, le chargé de communication du Cnapest, Ali Lemdani. « La grève est suivie à 100%, là où le Cnapest est implanté », déclare Aoudjit Ahmed, enseignant de physique au lycée Amara Rachid de Ben Aknoun et membre du conseil national du Cnapest. Les enseignants, selon lui, ont adhéré massivement à l'action de l'intersyndicale et partagent les revendications exprimées par l'organisation. A 11h, il n'y avait aux alentours de cet établissements qu'une dizaine d'élèves. Pour eux, la grève des enseignants est légitime. « S'ils n'ont pas leurs droits, ils ne peuvent pas assurer un enseignement de qualité », affirment des élèves rencontrés devant ce lycée. Même décor au niveau des lycées El Mokrani 1 et 2. Au niveau des lycées d'Alger-Centre, des piquets de grève ont été également observés, dans la matinée. L'adhésion au mouvement était aussi importante au niveau de l'université Houari Boumediène de Bab Ezzouar (USTHB). La section CNES et le Snapap implantés dans cette université ont fait un forcing. La mobilisation était forte. Les nombreuses affiches et les campagnes de sensibilisation menées par les représentants de ces deux syndicats ont porté leurs fruits. L'UGTA veut casser la grève En dépit de la contre-campagne menée par le bureau local de l'UGTA qui a lancé, la veille, un appel à ignorer le mouvement, la grève a été massivement suivie. « Nous demandons à tous les travailleurs de rester prudents et de ne pas écouter les rumeurs qui peuvent mener à la dérive », écrivent les responsables du bureau de l'UGTA, dans une affiche collée dans différents départements de l'USTHB. « Ils veulent créer un sentiment de peur chez les travailleurs », déclare, Mustafaoui Mourad, secrétaire général du Snapap de Bab Ezzouar. En effet, enseignants et travailleurs de cette université ont répondu massivement à l'appel des syndicats. Ici, les protestataires ont d'abord organisé un piquet de grève. C'était vers 10h. Ensuite, ils ont improvisé une marche vers le rectorat. « Ouverture des négociations avec les syndicats autonomes », « Pour un salaire de dignité » et « Respect des libertés syndicales » sont des slogans scandés par les grévistes qui ont marché sur quelques centaines de mètres avant d'arriver au siège du rectorat. Après la lecture d'une déclaration, les contestataires ont quitté les lieux. Les syndicalistes, quant à eux, poursuivaient l'évaluation du mouvement. « A 11h, 23 amphis sur les 24 sont fermés », précisent-ils. Pour Farid Cherbal, secrétaire général de la section CNES-USTHB, « cette action a permis la mise en place d'une solidarité syndicale et le rétablissement de l'espoir de la société algérienne ». Selon lui, en plus de l'USTHB, les enseignants de l'Institut national d'agronomie (INA) et l'Institut national d'informatique (INI) ont adhéré à la grève. Au niveau de l'université de Bab Ezzouar, les travailleurs et les enseignants organiseront aujourd'hui encore un piquet de grève, avant de tenir demain, dernier jour du mouvement, une assemblée générale.