Après le feu vert donné par les hautes autorités du pays aux entreprises nationales d'investir dans le football professionnel et l'engagement du nouveau ministre de la Jeunesse et des Sports à redynamiser le projet du professionnalisme, les présidents des clubs de la Ligue 1 et de la Ligue 2 commencent à retrouver le sourire. Incapables de trouver des solutions et des idées novatrices pour sortir de la crise financière qui les étouffe, ces présidents misent encore sur l'aide de l'Etat pour sauver la face et éviter la banqueroute. Ces présidents qui se sentent indispensables et irremplaçables oublient toutefois que les sociétés nationales disposant de grands moyens financiers, à l'image de la Sonatrach et de ses filiales, ne seront pas de simples sponsors ou des vaches à traire. Loin de là. Ces sociétés, si elles passent réellement à l'action, vont sans aucun doute composer sans eux et gérer elles-mêmes ces SPA qui tardent à décoller, hormis bien évidemment celle de l'USM Alger, prise en main par l'ETRHB et les frères Haddad. Même les milliards promis par l'Etat dans le cadre de la mise en œuvre du projet du professionnalisme seront destinés à l'investissement, soit à la réalisation d'un centre de formation et autres infrastructures, et non pas pour la gestion quotidienne des affaires des clubs et le payement des salaires et des primes des joueurs, qui ne cessent d'augmenter, dépassant tout entendement. C'est là que le bât blesse. Ces présidents crient famine d'un côté et dépensent d'un autre côté des sommes faramineuses dans le recrutement et la programmation de stages de préparation à l'étranger, s'endettant ainsi davantage. Ces sommes sont généralement puisées des subventions des autorités locales allouées pourtant aux clubs amateurs (CSA), soit aux autres disciplines sportives, étant donné que le football dépend totalement des SPA qui doivent trouver des sources de financement pour parer à toutes les dépenses. Et le comble, c'est que les CSA sont tous majoritaires dans les actions des SPA, ce qui crée un sérieux imbroglio, surtout que les présidents des conseils d'administration des SPA ne veulent pas que leurs homologues des CSA s'ingèrent dans leurs affaires. Même le président de la FAF, Mohamed Raouraoua, leur a affiché son soutien lors du dernier conclave tenu à Constantine avec les clubs professionnels de l'est du pays. Or l'on ne peut interdire à celui qui détient la majorité des actions de ne pas fourrer son nez dans les affaires de la SPA. Le projet du professionnalisme, lancé il y a deux ans, se trouve, en tout cas, à la croisée des chemins. A l'issue de la troisième année qu'on vient d'aborder, ça va passer ou ça va casser. C'est un grand tournant pour les clubs professionnels. Ceux qui seront déficitaires au terme de cette troisième année vont déposer leurs bilans. C'est pour cette raison que le président de la FAF a décidé d'agir et de saisir le nouveau ministre de la Jeunesse et des Sports, Mohamed Tahmi, pour sauver les meubles. Raouraoua va en effet transmettre ces jours-ci son rapport sur l'état des lieux au nouveau patron du MJS dans l'espoir de sauver ce projet du professionnalisme qui n'arrive pas à décoller.