Photo : M. Hacène Par Abdelghani Aïchoun Le championnat professionnel de football de Ligue 1 devait débuter ce mardi, avant que la Ligue de football professionnel (LFP) ne décide de décaler de quelques jours cette première journée, sur demande des clubs professionnels. Ces derniers, qui se sont réunis la semaine dernière dans le cadre du FCP (Forum des clubs professionnels), ont brandi la menace du boycott du championnat si leurs doléances, centrées essentiellement autour de la mise en application des mesures d'accompagnement de la professionnalisation décidées par l'Etat ne sont pas prises en charge. Jeudi dernier, des responsables de cette «organisation» ont été reçus par le premier responsable de la Fédération algérienne de football (FAF), en l'occurrence Mohamed Raouraoua. Une réunion qui a abouti, donc, sur le report de cette première journée. Par ailleurs, le secteur de la Jeunesse et des Sports a désormais un nouveau ministre en la personne de Mohamed Tahmi. Il est donc tout à fait normal que les présidents de clubs professionnels donnent au nouveau locataire de l'immeuble du 1er-Mai un peu de temps. Il ne pourra réagir qu'après avoir pris connaissance des détails de tous les dossiers. En tout cas, il est clair que cette saison encore, l'an III du professionnalisme, va connaître beaucoup de remous au vu de la situation dramatique, sur le plan financier notamment, dans laquelle évoluent la majorité des clubs. Rappelons que la saison passée a connu déjà les mêmes problèmes.Les clubs sont même allés jusqu'à boycotter une journée. Et les choses n'ont pas, apparemment, évolué positivement. Les mesures d'accompagnement dans le cadre de la professionnalisation, décidées par l'Etat, n'ont pas toutes été mises en application.Il s'agit notamment d'un terrain pour la construction d'un centre de formation, du payement de salaires pour les entraîneurs des petites catégories ou bien d'un bus pour le transport des équipes, entre autres. En plus des doléances liées à ces mesures, les présidents de clubs réclament, depuis la saison passée, le passage du statut de SPA (société par actions) à celui de Sarl (société à responsabilité limitée) ainsi qu'une certaine équité dans l'octroi des subventions wilayales. Il faut dire aussi que s'il y a un reproche à faire aux autorités concernées, par rapport à ces retards dans la mise en application de ces mesures, les présidents de clubs ont également une part de responsabilité dans cette situation. La majorité d'entre eux veulent rester à tous prix à la tête des entités qu'ils dirigent et ce en bloquant toute ouverture du capital. Bon nombre de Sspa (sociétés sportives par actions) ont été créées avec le capital minimum requis par la réglementation, à savoir un million de dinars. La situation est assez complexe. Plusieurs clubs sont, désormais, au bord de la faillite. Dans cette ordre d'idée, la tentative du groupe Sonatrach de racheter quatre clubs, à travers la maison mère et trois de ses filiales, fait face au refus de plusieurs dirigeants de Sspa. Si les arguments de certains tiennent la route, notamment ceux qui se demandent pourquoi leurs clubs n'ont pas été choisis, d'autres, par contre, ne sont motivés que par le souci de rester sur place. En somme, trois ans après son lancement, le football professionnel algérien…n'en est pas vraiment un. La FAF, dans le souci d'organiser d'avantage les choses, prend épisodiquement des décisions. La dernière en date est relative aux payements des charges sociales par les joueurs. La fédération algérienne exige des clubs de signaler tout joueur qui refuse de se conformer à la réglementation. De plus, l'instance fédérale interdit le payement des mensualités à l'avance. Les fiches de paye devraient être présentées mensuellement. La FAF pourra-t-elle mettre en application ces décisions ? Il faut attendre quelques semaines avant d'avoir une idée nette. Mais, il faut dire qu'au vu de «l'amateurisme» qui règne toujours dans le football «professionnel», il est fort à parier que les instances footballistiques vont trouver d'énormes difficultés pour faire changer les choses. L'autre point crucial qui va faire l'objet de beaucoup d'attention dans la gestion du championnat, cette saison, est lié à la violence dans les stades. La saison dernière un drame a failli se produire à Saïda, à l'occasion d'un match de championnat entre le MCS et l'Usma, lorsqu'un joueur a été poignardé. Plusieurs autres stades ont connu, aussi, des scènes de violences similaires, à l'image de celui du 5-juillet, où des supporters harrachis ont jeté une camera de la Télévision nationale par-dessus la tribune supérieure et des mouloudéens ont mis le feu aux sièges. Il est clair que les autorités footballistiques sont tenues de faire en sorte que ces incidents, et le terme est faible, ne se reproduisent pas. Ça sera l'un des défis principaux de la LFP cette saison. La mission est extrêmement difficile. Mais les uns et les autres sont forcés de prendre leurs responsabilités. Si les choses n'évoluent pas encore cette saison, c'est tout le processus de professionnalisation qui sera remis en cause.