L'envoi de renforts pour sécuriser la nouvelle brigade de la Gendarmerie nationale de la localité de Mizrana, 25 km au nord de Tizi Ouzou, démolie dimanche dernier par les citoyens de la région, a provoqué des affrontements d'une rare violence avec la population locale, lundi soir. Les villageois de la commune de Mizrana ont perçu comme une provocation de plus l'envoi d'un important convoi de la police anti-émeute. Des émeutes, en effet, ont éclaté au lieudit la Crête, non loin de la nouvelle structure sécuritaire qui devait être inaugurée et mise en service le 1er novembre. Cinq jeunes manifestants ont été arrêtés par les services de sécurité. Les habitants de Mizrana se sont déplacés à la Sûreté urbaine de la localité voisine, Makouda, en vue de les libérer. Finalement, ces derniers ont été transférés vers la ville de Tizi Ouzou, avant d'être relâchés hier matin sans poursuites judiciaires, précise notre source. Le calme est revenu au niveau de la localité de Mizrana, mais la situation demeure toujours tendue. L'image de la brigade de la gendarmerie érigée au lieudit la Crête fait rappeler les années d'émeutes en Kabylie du début des années 2000. Presque entièrement démolie, cette nouvelle brigade a été réduite en ruines en l'espace d'un après-midi par des dizaines de jeunes en furie des villages de la commune forestière de Mizrana. Les manifestants disent s'opposer à sa mise en service par tous les moyens possibles. «Ce sont les citoyens qui ont pris les armes et ont réussi à rétablir la sécurité. L'Etat nous a abandonné jusqu'à ce jour. Nous voulons qu'on nous construise des écoles, des dispensaires, des logements sociaux, crée des postes de travail et autres infrastructures de base qui font défaut au niveau de notre commune. Une commune aussi vaste comme la nôtre n'est dotée que d'un bureau de poste ! Nous n'avons pas besoin de gendarmes», fulmine un habitant de la région. Notons que les éléments de la police anti-émeute dépêchés lundi soir à Mizrana se sont retirés pour éviter l'embrasement. Par ailleurs, selon des recoupements d'informations, nous croyons savoir qu'au moins trois policiers auraient été blessés lors des affrontements avec la population, lundi soir.