La presse fait-elle la part des choses entre «liberté d'expression», «atteintes aux croyances religieuses» et «responsabilité» ? On se rappelle de l'appel lancé par Radio Colline qui a provoqué, il y a plusieurs années, des millions de victimes au Rwanda. Ce dernier appelait à l'épuration ethnique. S'agit-il de «liberté de la presse» ou «d'appel au meurtre» ? Les conséquences de l'appel sont là pour trancher quant à la réponse : environ deux millions de morts rwandais. Interrogée sur les caricatures publiées par l'hebdomadaire satirique Charlie Hebdo sur le Prophète Mohamed (QSSSL), Jean Marie Le Pen (FN) a dénoncé des «reculades» de la classe politique face à des musulmans qui lui imposent, selon elle, «des bras de fer», alors que la liberté «n'est pas négociable». Pourtant, la même Jean Marie Le Pen a déposé plusieurs plaintes contre le même Charlie Hebdo lorsque ce journal a publié des caricatures sur lui et qu'il n'a pas trouvé à son goût. Un tollé est, par ailleurs, soulevé, actuellement, à cause de la publication de photos du couple princier britannique. Une plainte a été déposée par le prince William et son épouse Kate, contre le magazine français Closer qui a publié des photos montrant la princesse en bikini. Refusées par tous les journaux britanniques, ces photos montrant un bout de sein de la princesse ont été publiées par le magazine français. Cela a suffi pour scandaliser les Britanniques. Y a-t-il «deux poids, deux mesures» quand des voix pacifiques s'indignant contre la publication des caricatures dénigrant le Prophète Mohamed (QSSSL) sont dénoncées au nom de «la liberté de la presse» ? Si la réponse est «non», pourquoi, alors, ne pas dénoncer ceux qui, à juste titre d'ailleurs, dénoncent l'atteinte à la vie privée de simples gens ou couple princier ? Les «deux poids, deux mesures» sont-ils, justement, adoptés volontairement pour provoquer une croyance ? Les réactions dénonçant la publication, il y a quelques années, des caricatures danoises, s'attaquant au Prophète Mohamed (QSSSL) ne peuvent pas être ignorées par ceux-là mêmes qui ont produit le film anti-Islam L'innocence of muslims (L' innocence des musulmans) et publié les caricatures de l'hebdomadaire satirique Charlie Hebdo. Ont-ils cherché les mêmes réactions, justement ? Dans quel but ? Dénigrer davantage l'Islam en exploitant, médiatiquement, la réaction violente et condamnable, comme celle de l'assassinat de l'ambassadeur des USA et de trois fonctionnaires américains à Benghazi, et présenter la religion musulmane, une religion de paix, comme étant une religion violente. Comme une chaîne, les faits se succèdent et voilà qu'Al Qaïda, un des pires ennemis des musulmans, entre en scène et appelle à l'assassinat de davantage de diplomates américains «en réaction à la campagne anti-musulmane». Un cadeau tant espéré et provoqué par les auteurs de la campagne anti-Islam : faire l'amalgame entre Islam, religion de paix et terrorisme. Un détail que les auteurs de cette campagne ignorent à chaque fois : au lendemain des attentats du 11 septembre 2001, de nombreux Américains ont commencé à étudier par curiosité l'Islam au nom duquel ces attentats terroristes totalement contraires à la religion musulmane ont été perpétrés. C'est ainsi que de nombreux Américains se sont convertis à l'Islam après avoir découvert, par eux-mêmes, les vraies valeurs de cette religion. Des valeurs de paix et de tolérance. Le même effet pourrait se produire, avec le film et les caricatures anti-Islam.