Après avoir sollicité le chef du gouvernement, le ministère de la Défense nationale (MDN) et même le président de la République, les rappelés du service national ne désespèrent pas de faire entendre leur voix. Cette fois-ci, c'est les élus du peuple qui seront interpellés. Pour ce faire, une lettre sera remise aujourd'hui au président de l'APN, chambre basse du Parlement, M. Larbi Ould Khelifa. À l'occasion, les ex-remobilisés dans les rangs de l'ANP entre 1995 et 1999, comptent organiser une grande action de protestation dans la capitale. Joint hier par nos soins, Ali Babaci, membre de la commission d'information du collectif des rappelés du service national, nous a indiqué que «l'action de protestation a été maintenue comme prévu et décidé lors de la dernière réunion tenue à Thala Athmane (Tizi-Ouzou)». Cependant, jusqu'à hier, entre marche et sit-in, rien n'avait été entériné. Les rappelés préfèreraient, paraît-il, attendre de voir les circonstances qui se présenteront devant eux une fois sur place pour définir l'action à entreprendre. Un déploiement des services d'ordre pour empêcher une éventuelle marche dans la capitale n'est pas à écarter par les concernés. Ce qui est certain en revanche, c'est qu'un rendez-vous est donné ce matin au niveau de la gare routière de Kharouba avant de décider. «Tout sera décidé demain matin (aujourd'hui, ndlr) à Alger», précise M. Babaci. S'agissant du courrier à remettre au président de l'Assemblée nationale populaire, c'est une sollicitation d'intervention en tant que troisième homme de l'Etat, en faveur de la plateforme de revendications déjà transmise au MDN, au Premier ministère et à la présidence de la République. Ainsi, les élus du peuple sont appelés, de leur côté, à appuyer le combat de ceux qui, il y a plus d'une décennie, avaient fait face au terrorisme intégriste pour sauver la République. Le même document est gardé au secret pour le moment, faut-il le préciser, puisque «l'ensemble des délégués des wilayas auront à exprimer leur avis ce matin avant de l'approuver», fera savoir notre interlocuteur. Quant aux préparatifs de cette action, M. Babaci expliquera que tous les rappelés sont mobilisés pour prendre part à cette action. «On aurait aimé que les pouvoirs publics répondent à nos demandes d'audience pour s'asseoir autour d'une table et débattre de nos revendications, mais il n'y a aucune volonté d'en finir avec ce dossier», regrette-t-il, avant d'ajouter : «C'est pourquoi nous maintiendrons la pression.» La plate-forme de revendications des rappelés exige, outre une reconnaissance de l'Etat pour les sacrifices consentis durant les années de remobilisation, des indemnités financières, un statut particulier garantissant leurs droits, le bénéfice des mesures de la Charte pour la paix et la réconciliation nationale, ainsi qu'une prise en charge médicale des victimes blessées, traumatisées et handicapées. Ils réclament l'accès au logement, à l'emploi, aux crédits et demandent l'application des engagements pris par le commandement de l'Armée relatifs à la sécurité sociale et un droit de retraite équivalent à trois ans de service national, en plus de 12 ans de garantie sur la retraite.