Les rappelés du service national ayant combattu le terrorisme, entre 1995 et 1999, reviennent à la charge ; ils comptent investir la rue par l'organisation, le 24 septembre, de marches au niveau des chefs-lieux de wilayas du pays. Une autre action plus musclée est aussi prévue le 1er octobre à Alger. La décision de revenir à la protestation pacifique de rue a été prise, le 10 septembre dernier, par le collectif des rappelés, lors d'une réunion qui a regroupé, à Thala Athmane (Tizi Ouzou), les délégués de 27 wilayas. A l'ordre du jour de cette rencontre, explique Ali Babaci, chargé de communication du collectif des rappelés, reçu hier à notre bureau, le compte rendu du travail accompli jusqu'à présent par les rappelés du service national et les futures actions à entreprendre. Le même délégué estime que «le dossier des rappelés est totalement oublié par les pouvoirs publics». Preuve à l'appui, il exhibe une demande d'audience, déposée au niveau du gouvernement le 16 juillet dernier, pour solliciter une rencontre avec le président de la République, mais qui est restée sans suite. Dans le document, accusé le même jour par le Bureau d'ordre général, il a été désigné cinq délégués. Bien que des expertises médicales aient été lancées depuis juin dernier par le ministère de la Défense nationale en faveur de l'ensemble des rappelés, afin de recenser les blessés et traumatisés et constituer par la suite des dossiers sur la base desquels des indemnisations seront décidées, «jusqu'à maintenant, il n'y a rien de concret, et l'opération semble prendre le plus de temps que possible. Ajouter à cela, les lenteurs enregistrées et les convocations qui ne portent pas d'adresses précises», déplore M. Babaci. Les rappelés suggèrent à ce sujet que les visites qui s'effectuent actuellement au niveau des régions militaires, soient transférées dans les sièges des secteurs militaires, pour accélérer l'opération. Les décisions prises lors de la réunion de Thala Athmane, visent à maintenir le mot d'ordre de combat et l'attachement des rappelés à la satisfaction totale de leur plate-forme de revendications. Si l'action du 24 septembre prochain sera marquée par des marches dans l'ensemble des wilayas du pays, celle du 1er octobre reste à définir, entre marche, rassemblement ou sit-in. Ainsi, les rappelés, qui ont privilégié longuement la voix du dialogue avec les pouvoirs publics, se disent «las d'attendre qu'une bonne volonté de finir avec ce lourd dossier se manifeste». Ils déplorent que les sacrifices consentis pour la sauvegarde de la République durant les pires moments, soient oubliés. Par ailleurs, la réunion du 10 septembre dernier était, pour le collectif des rappelés une occasion de «condamner les agissements» de quelques rappelés de Tizi Ouzou et de Bouira qui se sont autoproclamés Bureau national des rappelés sous la houlette de l'Organisation nationale pour la continuité des générations (ONCG). Dans un communiqué, le collectif insiste sur sa «démarcation» de cette organisation et réitère que son mouvement est «apolitique». La plate-forme de revendications des rappelés exige, pour rappel, outre une reconnaissance de l'Etat pour les sacrifices consentis durant les années de remobilisation, des indemnités financières, un statut particulier garantissant leurs droits, le bénéfice des mesures de la charte pour la paix et la réconciliation nationale, ainsi qu'une prise en charge médicale des victimes blessées, traumatisées et handicapées. Ils réclament l'accès au logement, à l'emploi, aux crédits, et demandent l'application des engagements pris par le commandement de l'Armée relatifs à la sécurité sociale et un droit de retraite équivalant à trois ans de service national, en plus de 12 ans de garantie sur la retraite.