Des centaines de rappelés du service national durant la décennie noire ont marché hier à Tizi Ouzou pour réitérer une fois de plus leurs revendications de prise en charge par l'Etat et un statut particulier qui leur garantisse leurs droits. Cette marche fait suite à la réunion du collectif des rappelés de 1995-1999, tenue le 14 avril dernier à Thala Athmane, et à laquelle ont pris part les délégués de pas moins de 42 wilayas du pays. Ils étaient, en effet,un peu plus de 500 personnes à prendre le départ de l'ancienne gare de la ville, empruntant la rue Abane-Ramdane pour atterrir devant le portail principal du siège de la wilaya. Les marcheurs ont scandé tout le long de leur itinéraire des chants patriotiques et des slogans appelant les pouvoirs publics à leur prêter attention. «Nous sommes venus exprimer notre colère quant à nos sacrifices pour le maintien de l'Etat. Sacrifices qui sont malheureusement partis en fumée», déclare l'un des délégués. Et de déplorer : «Les repentis qui ont fait couler le sang des Algériens sont mieux pris en charge que nous. C'est injuste !» La marche s'est déroulée dans une organisation des plus remarquables. La discipline a régné, comme si les ex-soldats étaient toujours à l'intérieur des casernes ou encore dans les maquis. Cependant, la colère était visible sur tous les visages. La wilaya de Tizi Ouzou compte 18 000 rappelés ayant répondu à l'appel de la patrie entre 1995 et 1999. Hier, plusieurs d'entre eux n'ont pas pu rejoindre la marche, suite à la scission qu'a rencontrée le mouvement. En effet, les délégués des daïras de Mekla, Ouacifs, Boghni, Tizi Rached et Makouda ont claqué la porte de la coordination. Arrivés devant la wilaya, les protestataires ont déclaré : «Nous allons rester ici jusqu'à ce qu'une réponse nous parvienne de la délégation reçue aujourd'hui (hier, ndlr) au Palais du gouvernement», explique Omar, un délégué d'Iferhounene. La délégation, composée de cinq personnes désignées lors du congrès de Thala Athmane, a été reçue par les services du Premier ministre Ahmed Ouyahia, apprend-on auprès du même délégué. A défaut d'une réponse positive aux doléances exprimées, le collectif des rappelés de 1995-1999 prévoit un sit-in ouvert devant le ministère de la Défense nationale le 30 avril prochain. Dans un courrier adressé au président de la République le 3 avril dernier, à l'issue de leur marche empêchée à Alger, les rappelés ont sollicité le président Bouteflika «en sa qualité de premier magistrat du pays, ministre de la Défense nationale, pour une intervention et prise en charge de leurs revendications». Le même document en notre possession, énumère onze (11) points dont une reconnaissance de l'Etat pour les sacrifices consentis, bénéficier des mesures de la charte pour la paix et la réconciliation nationale, des indemnités financières mensuelles à tous les rappelés, un statut particulier garantissant leurs droits, une prise en charge médicale des traumatisés et handicapés, l'accès au logement et à l'emploi, mais aussi l'application des engagements pris par le commandament de l'armée relatifs à la sécurité sociale et à un droit de retraite équivalent à trois ans de service national, en plus de 12 ans de garantie sur la retraite.