Selon une étude en cours d'élaboration de l'Organisation pour la coopération et le développement économique(OCDE), 14 villes portuaires méditerranéennes, qui disposent d'une population de plus de 1 million d'habitants, sont de plus en plus exposées aux risques environnementaux comme les inondations. Les six premières villes méditerranéennes exposées sont Alexandrie (de loin la plus exposée avec 1,3 million d'habitants à risque), Istanbul, Benghazi, Casablanca, Izmir et Alger, est-il précisé. Ces populations seraient exposées «de 1 jusqu'à 100 inondations côtières possibles par an». Selon le Programme PPRD South (Prévention, préparation réponse aux désastres naturels et humains), qui a étoffé cette étude, outre le risque d'inondation, ces villes sont sujettes à des risques liés aux ondes de tempête, au réchauffement et aux haussements du niveau de la mer ainsi que la subsidence du sol. Dans cette analyse, il est noté que «le risque peut être exacerbé par une planification urbaine insuffisante ou incontrôlée qui souvent incite beaucoup de personnes à vivre en zones de plus en plus vulnérables». En outre, les analystes s'alarment que «d'ici à 2070, la population à risques pourrait plus que tripler», en citant les causes de ces risques, à savoir «les effets combinés du changement climatique (montée des eaux et tempêtes), l'érosion, la croissance démographique et l'urbanisation». «L'urbanisation galopante selon des modes inappropriés a contribué à accentuer la vulnérabilité de la ville d'Alger». Le 10 novembre 2001, Alger avait été frappé par des inondations meurtrières. La capitale avait alors subi des dégâts colossaux. Les quartiers périphériques de la ville ont été les plus touchés, dont le quartier populaire de Bab El Oued, où des vagues de plusieurs mètres et des torrents de boue avaient submergé les rues, détruit des commerces, renversé des voitures et ruiné la vie de nombreuses familles. Le bilan officiel faisait état de 706 morts rien que pour le quartier de Bab El Oued. Le ministre de l'Intérieur avait alors parlé de «catastrophe nationale» et avait appelé à la «solidarité internationale». Par ailleurs, les autorités avaient déclenché le plan Orsec pour venir au secours des victimes mais les services de secours avaient eu des difficultés à se rendre sur les lieux et à parachever leurs missions. Les failles de l'administration locale avaient été mises en relief. Depuis, des plans de lutte contre les inondations ont été déployés. Cependant, c'est l'aménagement du territoire qui est à revoir. L'urbanisation galopante selon des modes inappropriés a contribué à accentuer la vulnérabilité de la ville d'Alger. La surpopulation, la concentration des centres de décisions, des entreprises, des services nécessitent une décentralisation. Durant de nombreuses années, l'on a pointé l'absence de curage, de nettoiement des avaloirs et d'un système de drainage et de canalisation des eaux. Une étude en 2009 de l'Ensa (Ecole nationale d'architecture d'Alger), indiquait que «la probabilité des changements climatiques souligne la nécessité de rechercher de nouvelles options de développement urbain à moindre impact sur la sécurité, les équilibres naturels et la santé humaine». En outre, selon cette étude, les inondations seraient plus fréquentes, durant le printemps et l'automne et le changement climatique devrait induire une capacité d'adaptation de la ville. C'est dans cette perspective, qu'en avril dernier, le ministère de l'Aménagement du territoire et de l'Environnement avait annoncé avoir lancé une étude sur la vulnérabilité et l'adaptation de la ville d'Alger au changement climatique et aux catastrophes naturelles. L'étude vise à «l'amélioration de la connaissance des risques, le renforcement de leur surveillance et de leur prévision, ainsi que le développement de l'information préventive sur ces risques et la prise en charge efficiente et intégrée de toute catastrophe d'origine naturelle ou technologique».