Lors de la quatrième commission des nations unies en charge de la décolonisation, des membres de la société civile ayant à cœur de défendre la cause sahraouie, se sont succédé à la tribune afin de défendre le caractère intangible du droit du peuple sahraoui à l'autodétermination. Par ailleurs, ils se sont accordés à déplorer l'inaction de l'ONU dans ce dossier ainsi que son incapacité à faire adopter au Conseil de sécurité l'élargissement de la Minurso au mécanisme des droits de l'homme. Aussi, ils ont rappelé que «la Cour internationale de justice (CIJ) a rendu un avis soutenant le droit des Sahraouis à exercer, par référendum, leur droit à l'autodétermination, si tel est leur volonté, à l'indépendance». Parmi les personnalités présentes à cette commission, la majorité a fait un travail de terrain afin de s'enquérir au plus près des conditions de vie du peuple sahraoui sous la colonisation du Maroc qui continue à revendiquer «des relations historiques avec le Sahara occidental». C'est en ce sens que Mme Katlyn Thomas, ex-présidente à la commission de l'ONU de l'association des avocats de New York, a fait savoir que «suite aux différentes enquêtes menées sur des questions d'ordre juridique relatives au Sahara occidental, la commission avait conclu qu'il n'existait aucun fondement juridique pour que le Maroc puisse invoquer sa relation historique avec les territoires sahraouis, avant la colonisation espagnole, et justifier des droits sur le Sahara occidental». Sur «la base du droit international, le Sahara occidental n'a jamais été reconnu comme faisant intégralement partie du Maroc», a-t-elle affirmé en soulignant qu'«il est ainsi inacceptable de dire que le droit à l'autodétermination du peuple sahraoui s'apparente à celui d'une population habitant une région particulière d'un Etat établi». Pour sa part, Vincent Chapaux de la New York University School of Law, dénonce l'inaction de l'ONU face aux récurrentes violations des droits de l'homme perpétrées par le Maroc et estime «qu'il est du devoir de la communauté internationale de dénoncer les tentatives de la puissance occupante de détruire le peuple sahraoui». Il regrette par ailleurs l'absence de réaction de la part de la communauté internationale qui se mure dans un silence impardonnable. «Depuis près de 40 ans, le Maroc détruit systématiquement la société sahraouie en anéantissant toutes les structures qui pourraient servir à la représenter. A ce compte-là, combien de temps la société sahraouie pourra-t-elle encore exister lorsque toutes les manifestations extérieures de son existence sont systématiquement réprimées ?», déplore-t-il. La France compromet les chances de parachever le référendum Pour sa part, M. Eric David, président du Centre de droit international de l'Université de Bruxelles, a estimé lui aussi que l'occupation du territoire sahraoui est en contradiction totale avec l'application du droit des peuples à disposer d'eux-mêmes et s'apparente à une violation du droit international. Par ailleurs, il a déploré que des entreprises procèdent à l'extraction des produits du sol ou des eaux sahraouies car cela «participe à une forme de vol ou de pillage des ressources du territoire sahraoui». M. Pierre Galand de la Coordination européenne de soutien au peuple sahraoui a dénoncé, de son coté, la position de la France qui compromet toute chance de parachever le référendum d'autodétermination. «Le référendum d'autodétermination promis par les Nations unies n'a pas été réalisé parce que le Maroc, et son mentor, la France, s'y sont opposés par toutes les mesures et obstacles possibles». souligne-t-il. M. Jean-Paul Lecoq, maire de la ville française de Gonfreville l'Orcher, jumelée avec la représentation sahraouie dans les campements de J'Refia, a souligné l'action menée depuis des années par le Front Polisario et nombre d'Etats afin de procéder à l'élargissement des missions de la Minurso et surveiller également le respect des droits de l'homme. Une mission qui n'est toujours pas dévolue au mandat de la Minurso sous pression française, membre du Conseil de sécurité de l'ONU. Il interpelle les dirigeants français afin que le pays opère un rééquilibrage de sa position vis-à-vis du peuple sahraoui et ce, lors de l'adoption d'une résolution du Conseil de sécurité sur le Sahara occidental qui doit se tenir en avril prochain.