Des drapeaux vénézuéliens et des effigies de Hugo Chavez flottaient cette semaine en Cisjordanie dans des manifestations contre la guerre de Ghaza. La décision, le 6 janvier, du président vénézuélien d'expulser l'ambassadeur d'Israël de Caracas – seul pays avec la Mauritanie à avoir pris une telle initiative – a soudain fait de lui un héros chez les Palestiniens. Israël a qualifié la mesure de «brutale» et accusé «les dirigeants vénézuéliens d'avoir conclu des alliances avec les islamistes et les terroristes». Mais le Hamas, le mouvement palestinien qui contrôle la bande de Ghaza, a «salué la décision courageuse» du chef de file de la gauche radicale en Amérique latine et bête noire des Etats-Unis, tout comme le chef du Hezbollah libanais, Hassan Nasrallah, qui a appelé les pays arabes à «suivre l'exemple du président vénézuélien». Hugo Chavez «est un militant, un symbole de la lutte pour la liberté. Tout comme Che Guevara. Cela le distingue des autres présidents du monde», estime Mohammed Al Lahham, député du mouvement Fatah, le parti du président palestinien, Mahmoud Abbas. Son opposition aux Etats-Unis, fidèle allié d'Israël, à la guerre d'Irak et à l'offensive israélienne contre le Liban en 2006 a fait de Hugo Chavez, aux yeux des Palestiniens, un symbole pour tous les peuples qui «résistent et luttent contre l'occupation», explique-t-il. Les manifestants de Bethléem, Ramallah et Hébron ont arboré des drapeaux du Venezuela et des portraits du président Chavez lors de protestations contre l'offensive israélienne à Ghaza. «J'aimerais pouvoir offrir à Chavez un passeport palestinien pour qu'il devienne citoyen palestinien. Ensuite, nous l'élirions et il deviendrait notre président», affirme Mahmoud Zwahré, maire d'Al Masar, une localité proche de Bethléem où vivent dans la pauvreté quelque 8000 Palestiniens. Face à l'hégémonie américaine, «c'est cette réaction qu'il faut», dit ce maire qui, avec des petits moyens dans une localité sans téléphone, fait ce qu'il peut pour télécharger des portraits du président vénézuélien et les distribuer aux manifestants. «Ici tout le monde le connaît. De plus en plus de gens viennent me demander des photos pour les porter pendant les manifestations», souligne-t-il. Mohammad Brijeh, responsable d'un comité militant dans la région de Bethléem contre la barrière de séparation qu'érige Israël en Cisjordanie, affirme que «le comportement de Chavez vaut mieux que celui de l'ONU». L'ONU «ne fait que ce que veut Israël», dénonce-t-il. «Si seulement nous avions des dirigeants aussi forts» qu'Hugo Chavez !, se lamente M. Brijeh. «Nous n'avons aucun dirigeant avec une stratégie ou une mission claires», regrette de son côté le maire d'Al Masar.