Au moment où les gouvernements et les monarchies arabes se contentent de dénoncer et condamner le carnage dans la Bande de Ghaza, et se limitent à envoyer des aides humanitaires à une population qui vit depuis plus de six mois sous un blocus économique et politique, avec la complicité des Etats arabes d'une façon ou d'une autre, la ligue arabe n'arrive même pas à organiser un sommet des chefs d'Etats pour arrêter l'agression organisée contre une population livrée à elle-même, pis encore des voix sont lancées ici et là mettant l'agresseur et la victime sur le même pied d'égalité. Il faut dire que ce genre de position n'est pas nouveau pour des chefs d'Etats qui assurent leur pérennité dans le pouvoir par leur alignement indéfectible aux politiques et positions américaines dans la région. Devant le silence de la communauté internationale, la voix vient du continent de la Révolution, l'Amérique latine. En effet, Hugo Chavez, connu pour ses positions antiaméricaine et anti-impérialiste, vient de donner une leçon de courage politique à toute la nation arabo-musulmanne en chassant l'ambassadeur d'Israël de son pays, signe de protestation contre le carnage de la population civile dans la Bande de Ghaza. "Le Venezuela a décidé d'expulser l'ambassadeur d'Israël Shlomo Cohen et une partie du personnel de l'ambassade d'Israël, réaffirmant son attachement à la paix et son exigence de respect du droit international", affirme le communiqué du ministère des Affaires étrangères du Venezuela. Le leader vénézuélien avait comparé l'opération militaire israélienne à un "holocauste" estimant que "le président actuel de l'Etat d'Israël devrait être jugé devant la Cour pénale internationale, de même que son homologue des Etats-Unis". Chavez a déclaré que ce pays, Israël, était un Etat "assassin et génocidaire". Le nouveau carnage du 6 janvier, dans trois écoles de l'UNRWA où s'étaient réfugiées une cinquantaine de personnes, dont 43 sont mortes sous les tirs de missiles israéliens, ne peut se légitimer. Il se peut donc que ce soit la stratégie pour imposer un cessez-le-feu durable au Hamas. Et comme Israël est une "très grande démocratie", en isolant la Bande de Ghaza avec sa guerre chirurgicale, il maintient les journalistes à l'écart. Il n'y a donc pas de témoins. Chavez, qui dénonce les raids aériens sur Ghaza depuis leur déclenchement, a encore jugé "lâche" l'armée israélienne pour avoir "attaqué un peuple sans défense, endormi, innocent". Israël agit "comme le bras armé de l'empire yankee", a-t-il dit en accusant les Etats-Unis de "soutenir et impulser" les attaques sur Ghaza. Il est à noter, que ce n'est pas la première fois que le président vénézuélien intervient avec fracas dans le conflit au Moyen-Orient, où il a renforcé ses liens avec l'Iran, dont il est l'un des rares dirigeants à soutenir le programme nucléaire. En août 2006, Chavez avait retiré son représentant diplomatique à Tel Aviv pour exprimer son indignation devant les bombardements de Tsahal au Liban. Ses propos avaient alors provoqué le départ de l'ambassadeur israélien à Caracas, alors que les autres pays arabes se contentaient de simples condamnations. Par ailleurs, le Venezuela est le premier pays du monde à avoir pris une décision radicale. Aucun des pays arabes qui entretiennent des relations avec l'Etat hébreu - Egypte, Jordanie et Mauritanie- n'a pris une telle décision. C'est la deuxième fois en deux ans que le président Chavez expulse l'ambassadeur d'Israël du Venezuela. Outre cela, dans le même sens et dans l'espoir d'arriver à un cessez-le-feu, une délégation du mouvement Hamas a examiné mardi au Caire avec des responsables égyptiens de la sécurité les moyens de parvenir à un cessez-le-feu et de lever le blocus sur Ghaza. S'agissant de la situation qui prévaut sur le terrain, le bilan des victimes est en hausse constante, le bilan des victimes dans sa seconde semaine a été évalué à plus de 630 morts dont 159 enfants, ont été tués au cours de cet holocauste dont se rend coupable un Etat hors-la-loi. Hamid Si Salem