La Banque d'Algérie a actionné son dispositif de contrôle interne des banques et établissements financiers en Algérie pour lutter contre le blanchiment d'argent et le transfert illicite de devises dans le commerce extérieur. Les premiers résultats des enquêtes effectuées dans le cadre de cette opération ont été annoncés hier par Mohamed Laksaci, gouverneur de la Banque d'Algérie lors de la présentation du rapport annuel de la situation financière et monétaire du pays à l'Assemblée populaire nationale. Ainsi, 38 missions de contrôle des filiales et services des établissements financiers publics et privés ont été menées durant l'année 2011. Ces opérations ont été effectuées dans 20 établissements financiers sur les 27 activant en Algérie, ce qui représente 74% du total, a encore précisé M. Laksaci. Selon lui, ces opérations ont permis «un examen objectif du phénomène du blanchiment d'argent et le transfert de fonds dans les transactions du commerce extérieur». Dix-neuf opérations de ce genre, effectuées dans 11 établissements ont été consacrées à la lutte contre le transfert illicite de fonds dans le commerce extérieur. «Des rapports confidentiels ont été adressés à la cellule de traitement de l'information financière et du système monétaire ainsi qu'aux procureurs de la République des territoires concernés», a précisé le gouverneur de la Banque d'Algérie. Il a également indiqué que les enquêteurs viennent d'achever leur mission dans quatre établissements financiers privés sur les 7 activant en Algérie. Ces équipes, souligne M. Laksaci, «ont effectué des enquêtes spécifiques d' opérations financières de certains clients de ces établissements». «Des rapports confidentiels ont été déposés au niveau de la cellule de l'information financière et du procureur de la République. M. Laksaci a expliqué que «deux nouvelles missions expérimentales ont été lancées en 2012 pour effectuer une nouvelle tâche visant la mise en place d'un système de notation financière». Cette opération a pour objectif «de vérifier l'application, par les banques, des nouvelles méthodes de travail», a-t-il expliqué. Le gouverneur d'Algérie a souligné «la solidité et la capacité de résistance des établissements financiers à tous les risques financiers». Il a également indiqué que «la gestion de la surliquidité bancaire constitue le principal défi de la Banque d'Algérie afin de pouvoir maîtriser les prix». Inflation inquiétante Dans son rapport, M. Laksaci a relevé avec insistance «le souci d'inflation» qui ne cesse de grimper en Algérie atteignant en 2009 un taux record et ce en dépit «des capacités de résistance de la situation financière algérienne à la crise financière mondiale de 2008 et 2009 dont les effets sont encore attendus avec la crise qui sévit dans la zone de l'euro». «L'inflation est devenue structurelle et s'est accélérée durant les deux dernières années», a-t-il indiqué. Selon lui, l'inflation a atteint 5,7% durant le premier semestre de l'année 2011 et 4,5% durant le deuxième semestre «due essentiellement à la hausse des prix des produits alimentaires frais qui contribue à 43% de l'inflation». Selon lui, ce taux a progressé à 7,29% en juin 2012 et a atteint 9,2% en mars de la même année. Il a relevé le recul de la croissance économique à 2,3% contre plus de 4% en 2010. Cette situation est due «à la régression des services, la faiblesse de la croissance hors hydrocarbure et de l'activité industriel». Le gouverneur de la Banque d'Algérie a enregistré «le recul de la dépense interne à 3% contre 4% en 2010 en dépit de la hausse des dépenses des ménages». M. Laksaci a relevé l'excédent de la balance des dépenses extérieures de 19, 7 milliards de dollars, soulignant que les réserves de changes officiel représentent 90% de la situation financière extérieur. M. Laksaci a souligné que «la gestion rigoureuse et quotidienne du taux de change par la Banque d'Algérie a contribué à la stabilité financière extérieure durant les années précédentes». Selon lui, «le taux de change reste proche de sa valeur réelle». Il «est bénéfique à l'économie algérienne compte tenu de la solidité de sa situation financière extérieure. Cette économie reste faible en raison de la faiblesse des exportations hors hydrocarbures». M. Laksaci suggère «la mise en place de nouvelles procédures pour dynamiser le marché de change afin de couvrir le risque de son effondrement ainsi que l'amélioration et de la diversification de la production». Il a relevé la hausse des crédits destinés au secteur privé estimé en 2011 à 2100 milliards de dinars et au secteur public avec 1893 milliards de dinars.