Les exportations d'hydrocarbures ont baissé en 2009, l'inflation est restée très forte, alors la croissance demeure modeste, tels sont les grandes lignes du rapport annuel de la Banque d'Algérie présenté mercredi devant l'APN par son gouverneur, M. Mohamed Laksaci. En 2009, et sur le sillage de la crise économique mondiale qui a freiné la demande d'hydrocarbures, liquides notamment, les exportations d'hydrocarbures avaient reculé de manière substantielle, avec des recettes globales de 44,41 milliards de dollars, soit une baisse de plus de 42%. Certains spécialistes du secteur énergétique expliquent cette baisse par le recul des ventes de gaz dans un marché européen déprimé par la crise financière qui avait affecté plusieurs pays de l'UE. Mais, hors hydrocarbures, l'économie nationale a enregistré une forte croissance en 2009, même avec la baisse de la demande pétrolière mondiale et ce qu'elle a induit comme baisse de la valeur des exportations et de la fiscalité pétrolière, a souligné le gouverneur de la Banque d'Algérie. «La croissance économique enregistrée en 2008 s'est poursuivie au même rythme qu'en 2009 (...) avec une croissance de 2,4% du PIB global estimé à 10017,5 milliard DA», a-t-il dit, sans trop d'attarder sur le niveau modeste de cette croissance économique en 2009. Pour autant, la croissance hors hydrocarbures a été impressionnante, avec une hausse de 9,3 du PIB, soit la meilleure performance depuis la dernière décennie (une hausse de 3 points par rapport à l'année précédente). Selon M. Laksaci, cette croissance a été favorisée par la vitalité des secteurs de l'agriculture (20%), des services (8,8%), du bâtiment et des travaux publics (8,7%), sur fond de relance de l'activité industrielle et de baisse du taux de chômage (10,2%). Mais, M. Laksaci relativise ces «performances», qui, selon lui, «restent tributaires des programmes d'investissement publics alors que l'économie nationale demeure dépendante des ressources en hydrocarbures et des importations». Sur le front du coût de la vie, le gouverneur de la Banque d'Algérie a lancé un sérieux avertissement : l'inflation remonte et menace les fondamentaux de l'économie nationale. «L'inflation enregistre en Algérie son plus haut niveau depuis dix ans (5,7%). L'inflation intérieure tirée par la hausse des prix des produits alimentaires notamment les produits agricoles frais, a remplacé l'inflation importée en 2009", relève le gouverneur de la Banque centrale. Par ailleurs, les réserves de change officielles de l'Algérie avaient atteint les 147,221 milliards de dollars (hors droits de tirage spéciaux, DTS) en 2009, alors que l'encours de la dette extérieure à moyen et long termes s'était établi à 3,92 milliards de dollars seulement, soit 2,8% du PIB. En outre, la dette extérieure globale n'avait pas dépassé les 5,413 milliards de dollars à la fin de 2009, soit 3,92 milliards de dollars de dette à moyen et long termes et 1,5 milliard de dollars de dette à court terme. Pour le gouverneur de la Banque d'Algérie, le niveau de la dette extérieure et du service de la dette, hors paiements anticipés, estimés à 1,8% seulement des exportations des biens et services en 2009, témoigne «clairement de la solidité de la situation financière extérieure de l'Algérie à moyen terme». Quant à la balance des paiements, et après avoir enregistré un excédent record en 2008 avec 34,45 milliards de dollars, elle a enregistré en 2009 un excédent de seulement 0,41 milliard de dollars. Enfin, sur le taux de change, il a souligné que «la stabilité du taux de change effectif enregistré à la fin 2009 a été maintenue avec un léger recul de près de 2% contre une amélioration de 1,6% en moyenne annuelle en 2008». Le dispositif de contrôle des banques et entreprises financières a été renforcé en 2009 notamment à travers le renforcement des prérogatives de la Banque d'Algérie qui a introduit des plaintes auprès des tribunaux compétents contre 10 banques et 56 opérateurs économiques pour infractions dans les opérations du commerce extérieur, a indiqué la banque. Le montant global des opérations concernant ces plaintes est de 1,1 milliard de DA, selon un document publié par la banque à l'occasion de la présentation, par Mohamed Laksaci, de la politique financière de l'Algérie à l'APN. Les inspecteurs de la Banque d'Algérie ont examiné 20.400 dossiers de domiciliation au niveau de 12 banques privées et 5 banques publiques et établi 19 procès-verbaux de constats d'infraction touchant des opérations du commerce extérieur d'une valeur de 944 millions DA, a ajouté le document. Les inspecteurs ont également été destinataires de 267 dossiers de domiciliation «non épurés» envoyés par la direction générale de change. Ils ont, de ce fait, établi 56 procès-verbaux d'infractions concernant des opérations d'une valeur de 644 millions DA. Les opérations de «contrôle sur les lieux» visant à contrôler les conditions de travail des nouvelles agences bancaires et entreprises financières sont au nombre de 71 interventions en direction de l'ouverture de nouvelles agences (56) et la reconversion de 14 autres. D'autre part, quatre banques et une seule entreprise financière ont constitué l'axe d'évaluation de leur dispositif de lutte contre le blanchiment d'argent et le financement du terrorisme ce qui a permis de conclure que «ces banques n'accordaient pas l'intérêt requis à la fonction de lutte contre le blanchiment d'argent» d'où le rappel qui leur a été adressé pour une meilleure prise en charge de cet aspect, a précisé la même source.