Le gouverneur de la Banque d'Algérie (BA), M. Mohamed Laksaci, a indiqué, avant-hier à Alger, que le secteur bancaire en Algérie restait "solide" en 2010, assis sur des ressources stables et accrues et un niveau de liquidité très appréciable. M. Laksaci a annoncé lors de la présentation du bilan de la BA sur la situation économique et monétaire du pays en 2010, que "La solidité du secteur bancaire était appréciable en 2010 aussi bien sous l'angle de l'évolution de leurs activités qu'en ce qui concerne la rentabilité de leurs fonds propres et du rendement de leurs actifs.Evoquant les indicateurs de cette solidité, "proches de ceux réalisés dans les pays émergents", M. Laksaci a indiqué que le ratio de solvabilité bancaire était de 23,31% en 2010 contre 22,11% en 2009, un taux "bien au-delà des recommandations de Bâle III" (règles prudentielles édictées par la Banque des règlements internationaux -BRI- dont le siège se trouve à Bâle en Suisse), s'est-il félicité. La rentabilité des fonds propres des banques publiques et privées était de 20,72% en 2010 alors que le rendement des actifs était de 1,52%, soit des taux correspondant aux "meilleurs résultats réalisés dans les pays émergents", selon lui. La marge d'intérêt des banques était en hausse de 63,8% en 2010 contre 57,36% en 2009. Grâce au renforcement de la gestion des risques de crédits, les banques ont réussi, en 2010, à baisser le niveau des créances non performantes qui reste cependant plus élevé que les standards internationaux, a-t-il avancé sans préciser le montant ou le taux de ces crédits. M. Laksaci a toutefois accentué que ces créances ont été fortement provisionnées, à hauteur de 74% en 2010 contre des provisionnements de 68,3% en 2009. Par ailleurs, le gouverneur a avancé que les crédits à l'économie distribués par les banques et établissements financiers étaient de 3.671 milliards de DA en 2010, en hausse de 15,6% par rapport à 2009, ce qui situe l'Algérie, selon M. Laksaci, au rang des pays émergeants à croissance rapide du crédit. A fin 2010, l'encours de l'épargne financière des ménages et entreprises privées excédait celui des entreprises publiques, y compris celles des hydrocarbures, a-t-il fait remarquer. L'augmentation des dépôts bancaires, de 12,5% en 2010 contre une baisse de 8,2% en 2009, a donc contribué à consolider davantage la capacité de fonds prêtables des banques alors que l'excès de liquidité, concentré auparavant au sein de la BEA (banque domiciliataire de Sonatrach) est de plus en plus disséminé à travers toutes les banques de la place, a soutenu M. Laksaci. LES PLACEMENTS DES RESERVES DE CHANGE DE L'ALGERIE A L'ETRANGER ONT RAPPORTé 4,6 MDS DE DOLLARS EN 2010 Le rapport de la Banque d'Algérie publié, avant-hier, les placements des réserves de change de l'Algérie à l'étranger ont rapporté 4,60 milliards de dollars en 2010, contre un rendement de 4,74 milliards de dollars en 2009. Ce volume de bénéfice, mentionné sous l'appellation "crédits des facteurs" au chapitre relatif à la balance des paiements dans le rapport 2010 sur l'évolution économique et monétaire de la BA, était de 5,13 milliards de dollars (mds USD) en 2008, de 3,81 mds USD en 2007 et de 2,42 mds USD en 2006. Environ 98% de ces placements, répartis entre les Etats-Unis et l'Europe, sont effectués en portefeuille de titres souverains (valeurs d'Etat) que l'Algérie avait achetés entre les années 2004 et 2007, lorsque les taux d'intérêt mondiaux étaient relativement élevés, a fait remarquer M. Mohamed Laksaci, gouverneur de la BA lors d'une rencontre consacrée à la présentation du rapport. Ces titres sont soumis à un taux d'intérêt moyen fixe de 3% en 2010, un rendement légèrement inférieur à celui de 2009 et 2008, selon M. Laksaci. Les réserves de change de l'Algérie étaient de 162,2 mds USD fin 2010, soit plus de trois années d'importations de biens et services, contre 148,9 mds USD à la fin 2009, a-t-il rappelé. "La politique (de gestion des réserves) menée par la banque d'Algérie depuis 2004 a prouvé son efficacité en 2011", s'est réjoui M. Laksaci qui faisait allusion à la résilience des placements de l'Algérie face à la crise de la dette aux Etat Unis. Contrairement aux années précédentes où les dépôts constituaient 20% des placements de l'Algérie à l'Etranger, 2% seulement des réserves de change sont actuellement déposées dans des banques, selon le gouverneur qui s'est, en outre, félicité de la diversification des devises entrant dans la composition des réserves.Cette diversification, engagée aussi depuis 2004, visait justement une sécurisation maximale des réserves vis-à-vis des chocs extérieurs, a souligné M. Laksaci sans de donner plus de précisions sur le montant des réserves placées à l'étranger. Ainsi, la poursuite de la stabilité financière externe de l'Algérie à moyen et long termes "repose fortement sur la poursuite de la gestion prudente des réserves officielles de change par la Banque d'Algérie", a-t-il affirmé. Il s'agit, à cet effet, de continuer à préserver la valeur du capital (des réserves), en minimisant les risques de perte de la valeur marchande des actifs par le maintien d'un portefeuille diversifié, à maintenir un niveau élevé de liquidité, avec des actifs revendables à tout moment et enfin à optimiser le rendement, a expliqué M. Laksaci. Mais il "ne faut surtout pas confondre excès de réserves de change et excès de richesse", dira M. Laksaci, car le premier représente tout simplement l'épargne publique alors que la richesse économique provient de l'investissement, a-t-il précisé. Le ministre des Finances M. Karim Djoudi avait récemment déclaré que l'Algérie ne visait pas, à travers ses placements à l'Etranger, de réaliser des rendements élevés mais plutôt à protéger "l'argent de la communauté nationale" contre les chocs extérieurs, d'où le choix de placer les réserves de changes en valeurs d'Etat. PERFORMANCES FINANCIERES APPRECIABLES REALISEES PAR L'ECONOMIE NATIONALE EN 2010 Selon M. Mohamed Laksaci, l'économie nationale a réalisé des performances financières appréciables en 2010, marquées notamment par une consolidation de la position financière extérieure. "Adossée au redressement soutenu du prix du baril du pétrole (80,15 dollars contre 62,26 en 2009) et corrélativement à la forte augmentation des recettes d'exportation des hydrocarbures (+26,4%) la balance des paiements extérieurs courants a enregistré un excédent appréciable en 2010 de 12,6 milliards de dollars, soit 7,5% du PIB", indique M. Laksaci lors d'une communication devant les représentants des banques de la place sur les principales évolutions monétaires et financières durant l'année précédente. De même, la nette amélioration de l'excédent global de la balance des paiements extérieurs 2010, établi à 15,58 milliards de dollars contre 3,86 milliards en 2009, est venue alimenter le niveau des réserves officielles de change qui excède trois années (38,3 mois) d'importations de biens et services. Le niveau de ces réserves a ainsi atteint 162,22 milliards de dollars avec un rendement de 4,60 milliards de dollars obtenu en 2010, contre 4,74 milliards en 2009, alors que la dette extérieure à moyen et long termes s'est stabilisée autour de 3,67 milliards de dollars et ne représente plus que 2,27 du PIB (Produit intérieur brut) estimé pour 2010, a noté le gouverneur de la Banque d'Algérie. "Ces principaux paramètres confirment la solidité de l'Algérie et confortent sa résilience face aux chocs extérieurs, d'autant que la politique de gestion de taux de change par la Banque d'Algérie contribue de manière effective à la stabilité financière externe", a-t-il souligné. En outre, l'intervention de la Banque d'Algérie sur le marché interbancaire des changes a permis de maintenir l'appréciation du taux de change effectif réel du dinar à 2,64% en moyenne annuelle "en dépit de la volatilité accrue des cours de change des principales devises et de la faiblesse structurelle des exportations hors hydrocarbures. Dans le même contexte, la poursuite de la gestion prudente des réserves de change, qui constituent "le principal rempart contre d'éventuels chocs extérieurs", a contribué à la préservation de la stabilité financière externe sur le moyen et long terme, insiste le gouverneur de la BA. Les objectifs visés en la matière consistent ainsi à préserver la valeur du capital, maintenir un niveau élevé de liquidité et optimiser le rendement des réserves de change, a-t-il rappelé. M. Laksaci a, d'autre part, fait remarquer un fléchissement de la moyenne annuelle de l'inflation pour la première fois depuis cinq ans. Ce taux a été ramené à 4,1% en 2010 contre 6,1% l'année précédente. CROISSANCE ECONOMIQUE, UNE PROGRESSION APPRECIABLE S'agissant de la croissance économique, le gouverneur de la Banque d'Algérie a relevé une progression appréciable durant l'exercice 2010 avec une évolution soutenue de 3,3% du PIB contre un rythme relativement modéré en 2009 (2,4%). Le solde global du Trésor a enregistré un déficit de 0,9% du PIB pour la deuxième fois consécutive après dix exercices d'excédents, note M. Laksaci. Ce déficit n'a cependant pas affecté la capacité de financement du Trésor qui s'est consolidée à la faveur de la progression de 526,4 milliards DA de l'encours des ressources du Fonds de régulation des recettes (FRR) pour représenter 40,1% du PIB. S'agissant de la situation des crédits, le bilan de la Banque d'Algérie fait ressortir une augmentation de 15,6% des crédits accordés par les banques de la place aux entreprises et ménages au moment où plusieurs pays émergents accusent une contraction des crédits à l'économie liée à la crise financière internationale. Cette hausse du niveau des crédits a placé l'Algérie dans le groupe de pays émergents à croissance rapide de crédits. Sur le plan législatif et réglementaire, l'année 2010 a été marquée par la réforme du cadre légal de la conduite de la politique monétaire en instituant l'objectif d'inflation en tant qu'objectif ultime de la politique monétaire. Par ailleurs, le secteur bancaire a maintenu sa solidité ancrée sur des ressources stables et accrues et une position de liquidité très solide, souligne l'Institut d'émission. A cet effet, M. Laksaci a jugé "décisif" le rôle des banques dans l'objectif d'atteindre le potentiel de croissance hors hydrocarbures sur le moyen terme.