La réponse de Dahou Ould Kablia, ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales, aux revendications exprimées par la Cnisel, chargée de la surveillance du scrutin du 29 novembre, non seulement ne souffre d'aucune ambiguïté mais sonne comme un verdict sans appel. «Il n'est absolument pas possible de rémunérer les membres de la Commission nationale de surveillance des élections locales dont le mandat est gratuit comme le stipule la loi électorale», précise Ould Kablia sur les ondes de la Radio nationale. Le représentant du gouvernement, qui oppose ainsi un niet catégorique à toute possibilité de rétribution dont pourraient bénéficier les membres de la Cnisel, constituée, rappelle-t-on de représentants de partis en lice pour les prochaines élections, suggère qu'il appartient à ces mêmes formations politiques de rémunérer leurs membres délégués au,sein de cette même structure. «Il s'agit d'une commission qui représente les partis et qui est créée pour défendre leurs intérêts. En principe, ses membres devaient être rémunérés par les partis eux-mêmes», a-t-il déclaré. Du coup, la question est de savoir si la loi électorale, qui stipule dans l'un de ses articles que le mandat des membres de la Cnisel «est gratuit», comme a tenu à le rappeler à juste titre Ould Kablia, autorise les partis politiques à les rémunérer. La question demeure sans réponse, hélas, et l'invité de la Chaîne III n'apporte aucune précision à sujet. Il a toutefois rassuré «qu'aucune demande» de dépense légale n'a été refusée à cette commission», rappelant que le ministère de l'Intérieur a dégagé un budget conséquent pour couvrir les dépenses inhérentes au fonctionnement de la Cnisel. En d'autres termes, le ministre de l'Intérieur vient certifier solennellement que les revendications soulevées par la même structure présidée par Mohamed Seddiki, liées notamment au manque de moyens logistiques et matériels sont injustifiées. La Cnisel qui souhaite bénéficier du même traitement octroyé à l'autre commission de supervision des élections, composée de magistrats, a brandi en outre la menace d'autodissolution dans le cas où ses revendications ne sont pas satisfaites par les autorités, en l'occurrence le département dirigé par Ould Kablia. Cette même «menace» sera-t-elle exécutée, maintenant que la réponse du ministre de l'Intérieur est connue ? Une telle éventualité reste peu probable sachant qu'à l'occasion des législatives passées, la commission Cnisel, qui était également présidée par le même Mohamed Seddiki, avait menacé d'une paralysie totale de ses activités qui n'ont été exécutées que pendant quelques jours avant la date du 10 mai. Ould Kablia a tenu, en outre, au cours de son intervention d'hier sur les ondes de la radio de faire le distinguo entre les deux commissions, celle de la surveillance réunissant des militants des partis politiques, d'une part, et la commission composée de magistrats, d'autre part. Le même intervenant fera part, par ailleurs, de l'existence de «graves dissensions» au sein de la Cnisel, en rappelant qu'il appartient à cette commission de «relever les erreurs de l'administration, s'il en existe, et de s'adresser à qui de droit». Des «dissensions» susceptibles de rendre un peu plus difficile la mission de cette structure, a encore ajouté le ministre de l'Intérieur, en exprimant sa confiance à l'endroit de son président, Mohamed Seddiki. «Nous faisons confiance à son président, M. Seddiki, qui est animé de bonnes initiatives, même s'il est un peu brouillon dans sa manière de les présenter», a-t-il dit. Si rupture il y a, c'est entre le citoyen et les partis Sur un autre volet, le ministre de l'Intérieur a balayé d'un revers de la main l'idée d'une quelconque crise de confiance entre la population et les institutions administratives implantées dans son environnement immédiat, soit au niveau local. «Si rupture il y a, ce serait entre le citoyen et les partis, et non avec l'administration», dira-t-il. Il argue son propos en affirmant que la gestion locale est «globalement correcte» et elle «s'améliore graduellement, grâce aux moyens matériels et financiers que l'Etat met à la disposition des communes». Par contre, a-t-il regretté, il y a un problème dans la relation du citoyen avec les partis, parce qu'une fois les élections passées, les partis ne s'occupent plus du travail» pour lequel leurs candidats ont été élus et cela, a-t-il relevé, «peut être considéré comme un échec partiel des partis politiques». A propos des préparatifs liés au prochain scrutin, Ould Kablia dira que l'administration a pris «toutes les dispositions en vue d'assurer un cadre convenable pour que ces élections se déroulent dans les normes de neutralité, de transparence et d'intégrité, comme cela a été le cas pour les dernières législatives», a t-il dit. Le ministre de l'Intérieur qui met l'accent en outre sur l'enjeu important du rendez-vous électoral du 29 novembre, dit s'attendre à un taux de participation oscillant entre 40% et 45%.