C'est le grand cafouillage au sein de la Commission nationale indépendante de surveillance des élections locales (Cnisel). Alors que son président, Mohamed Seddiki, a annoncé hier, en conférence de presse, le gel de l'installation des commissions de wilaya, l'assemblée générale de ladite commission en a décidé autrement en fin de journée. L'installation des commissions de wilaya aura lieu samedi et dimanche prochains, nous a indiqué un membre de la Cnisel. Idem pour le tirage des numéros attribués aux partis politiques, bloqué par la Commission ; il aura lieu finalement aujourd'hui. Visiblement, les partis politiques composant la Cnisel divergent sur la conduite à tenir face au ministère de l'Intérieur et sur la gestion de l'opération électorale. Remonté contre le ministre de l'Intérieur, Mohamed Seddiki est revenu déçu de son audience avec Daho Ould Kablia, le 22 octobre. Il n'a obtenu aucune satisfaction. «Des revendications politiques que nous avons mises sur la table du ministère de l'Intérieur, aucune n'a été prise en compte. Le ministre nous a expliqué que certaines des doléances ne pouvaient être satisfaites, notamment celles relatives à la loi électorale», a indiqué M. Seddiki. Ce dernier a déclaré que la Cnisel, qui a interpellé le Premier ministre, a enregistré «avec regret l'absence de réponse positive à la plateforme remise au ministre de l'Intérieur portant sur la réunion des garanties politiques et juridiques pouvant permettre la transparence de l'opération électorale». Le président de la Commission de surveillance des élections locales du 29 novembre prochain a également reproché au ministère de l'Intérieur «l'énorme retard» pris dans l'installation de la Cnisel. «Il fallait installer la Commission de surveillance juste après la convocation du corps électoral, qui est intervenue le 31 août. Nous avons attendu 47 jours. Un retard difficile à rattraper et qui a induit un autre retard dans l'installation des commissions locales», a regretté M. Seddiki. Pour lui, cette situation «influe négativement sur la préparation de la campagne électorale prévue pour le 4 novembre prochain». Et en raison de ce retard, la Commission a été de fait «empêchée d'accomplir sa mission en matière de contrôle et de suivi de l'opération de révision ordinaire et exceptionnelle des listes électorales. Ainsi, la Commission ne dispose d'aucune information sur le nombre exact du corps électoral», a encore indiqué M. Seddiki, qui estime que sa Commission est «déconsidérée». «La commission de supervision, composée de magistrats, bénéficie d'un traitement de faveur pendant que la Cnisel est nanisée. Nous ne sommes pas prêts à être un comité de soutien», a rechigné M. Seddiki. Ce dernier n'a pas manqué de rappeler «la nécessité» d'abroger la disposition de la loi électorale fixant un taux de 7% de représentation de femmes dans les assemblées locales. «Nous demandons au président de la République de revenir sur cette disposition qui pénalise les partis politiques», s'appuyant sur un prétendu conservatisme de la société. «Cela n'engage que lui (Seddiki). Nous n'avons jamais débattu de cette question au sein de la Commission. Certains sont pour la parité», a répliqué un membre de la Commission. Mais ce sont les indemnités qui retiennent le plus l'attention du président de la Cnisel lors de son intervention devant la presse. L'argent fait couler beaucoup d'encre et surtout beaucoup de «salive». M. Seddiki a indiqué que le budget que consomme l'opération électorale «est trois fois plus important que celui dépensé par une élection en France. Nous demandons la rationalisation dans la gestion des dépenses des élections. Ils parlent des sommes allouées à la Commission de surveillance, mais personne ne sait à combien s'élève le budget dont bénéficie la Commission du supervision». La commission Seddiki demande si les pouvoirs publics versent directement l'argent dans le compte des membres des Commissions de surveillance (nationale et locale). M. Seddiki précise par ailleurs que son instance n'a jamais demandé la rémunération des membres de la Cnisel.