La corruption est-elle ce fléau endémique qui mine l'Algérie et ses institutions ? Affirmatif, répond Farouk Ksentini, président de la Commission nationale de promotion et de protection des droits de l'Homme (CNPPDH). Intervenant sur les ondes de la Chaîne I de la Radio nationale, Ksentini a estimé que la corruption en Algérie est devenue un sport national pratiqué à tous les niveaux de l'administration, ajoutant qu'il s'agit aussi d'un fléau constituant un sérieux obstacle entravant l'évolution de l'économie nationale. Des propos d'une extrême gravité qui lèvent le voile sur l'ampleur d'une pratique illicite aux conséquences dangereuses que l'on croyait si bien maîtrisée notamment par le biais d'un arsenal juridique mis en place expressément pour y faire face. Ksentini sait bien de quoi il parle, et s'il qualifie la corruption de sport national, il ne fait certainement pas dans l'exagération, lui qui jouit de la confiance du président de la République qui l'a reconduit à la tête de la CNPPDH, une structure rattachée à la Présidence. Des cas d'affaires de corruption traitées pas les services de sécurité sont légion depuis quelque temps. Le dernier en date est relatif à l'arrestation d'un directeur régional de Sonelgaz en poste à l'est du pays, interpellé par les services de la Gendarmerie nationale en flagrant délit de corruption. Avant lui, c'était un inspecteur de la Direction du commerce et des prix (DCP) d'Oum El Bouaghi, arrêté lui aussi par les mêmes services et pour le même motif. Le président de la CNPPDH soulignera que «le phénomène de la corruption se répand parallèlement au pouvoir de l'argent qui prend de l'ampleur», au détriment de l'éthique et de la morale. Il ne manquera pas cependant de mettre en exergue les efforts consentis par l'Etat pour juguler ce fléau en citant, entre autres, l'installation de la Commission nationale de lutte contre la corruption qui s'ajoute à une multitude de mécanismes mis en place pour le même objectif. Il reste que cette nouvelle commission «a eu son siège récemment et n'est pas encore entrée en activité», relève l'invité de la Radio qui recommande l'accélération de la mise en place de cette instance et sa dotation des moyens nécessaires à même de lui permettre de mener à bien sa mission. Il mettra aussi l'accent sur la nécessité d'une stricte application de la loi pour diminuer les effets néfastes de la corruption. S'exprimant sur les élections locales, M. Ksentini a indiqué que «l'intégrité des élections est d'une importance primordiale pour l'instauration d'un Etat de droit et d'une démocratie véritable». Mettant en valeur ce qu'il qualifie «de volonté de toutes les sensibilités politiques d'instaurer un Etat de droit et démocratique», le président de la CNPPDH a parlé en outre de l'existence d'une volonté politique et d'un code électoral devant permettre de réaliser cet objectif.