Des abus de tous genres ont été signalés par le président de la Cppdh, dont l'usage de la violence à l'intérieur des commissariats de police. Deux mois après la remise de son rapport sur la situation des droits de l'homme en Algérie au chef de l'Etat, le président de la commission nationale pour la protection et la promotion des droits de l'Homme(Cnppdh), est revenu sur les grands axes du document. D'après notre invité, même si beaucoup d'efforts en été faits en matière de défense des droits de l'homme en Algérie, toutefois, la corruption et la bureaucratie entravent en grande partie la mise en application des textes de loi. «Nous avons une justice de très mauvaise qualité, tant sur le plan humain que matériel» affirme d'emblée, Me Ksentini. Avant d'enchaîner: «Tant que le citoyen est méprisé par son administration et vice versa nous n'aurons pas un Etat de droit digne de ce nom» d'autant plus que l'administration algérienne est rongée par la corruption, un fléau que notre interlocuteur qualifie de «sport national». Par ailleurs, des abus de tous genres ont été signalés par le président de la Cppdh, dont l'usage de la violence à l'intérieur des commissariats de police, l'absence de justice sociale, notamment la répartition inéquitable des fruits de la croissance et la lenteur de la justice algérienne dans l'application des décisions de justice. Au chapitre des libertés, notre hôte, tout en se disant «contre la levée de l'état d'urgence tant que la situation sécuritaire n'est pas totalement rétablie», se prononce pour l'encouragement du multipartisme et du multisyndicalisme, «deux piliers majeurs de l'édifice démocratique». A propos de la liberté de la presse et des journalistes incarcérés, l'orateur s'est dit être «pour la liberté d'expression sans la moindre restriction» à condition bien entendu que soient respectées les règles éthiques et déontologiques régissant la corporation. Les droits de la femme n'ont pas été en reste du débat. A ce sujet, la révision du code de la famille a été la question inévitable. D'après Me.Ksentini, le code de la famille doit être révisé et le débat doit être mené dans la sérénité, en dépit des quelques réticences au sujet de la question du tutorat. Selon l'avocat, le rôle du tuteur est strictement figuratif, d'où la nécessité de dépassionner le débat autour de cette clause. En sus du tutorat, le président de la Cppdh, estime qu'il est temps que la femme ait le droit de demander le divorce et le droit au logement, au cas où la garde des enfants lui est accordée. Enfin, les conditions de détention et l'état des établissements pénitentiaires sont des question largement évoquées par Me Ksentini. De l'avis de ce dernier, les prisons, en plus de leur vétusté, n'arrivent pas à contenir la population carcérale actuelle à cause de l'exagération de la période de détention provisoire. «Une mesure qui doit être une exception mais pas une règle» indique-t-il. Il ne fait aucun doute pour Me Ksentini qu'il faut réduire le nombre des détentions préventives. Avant d'ajouter qu' «en matière délictuelle, cette mesure doit être purement et simplement supprimée». Sur ce point, notre interlocuteur à tenu à apporter une précision de taille: «Dans la plupart des cas les magistrats refusent d'appliquer les textes de lois qui sont pourtant clairs en matière de détention préventive» Pis, après plusieurs mois de détention préventive et après leur relaxe, des dizaines de détenus n'ont pas obtenu réparation. Chose aberrante, aux yeux du bon sens, indique Me Ksentini.