Le Premier ministre russe Dmitri Medvedev a condamné le soutien de Paris à l'opposition syrienne et accusé l'Union européenne d'indécision face à la crise de la dette, dans une interview accordée avant sa visite en France, ce lundi. La France a été le premier Etat européen à reconnaître la nouvelle coalition de l'opposition en tant que représentante légitime du peuple syrien. Le président François Hollande n'a par ailleurs pas exclu que des armes puissent être fournies aux insurgés une fois que les adversaires de Bachar al Assad auront formé un gouvernement. "Le souhait de changer de régime politique dans un autre Etat en reconnaissant certaines de ses composantes politiques comme seules représentantes légitimes ne me semble pas très civilisé", a déclaré Dmitri Medvedev. "La Russie ne soutient ni le régime d'Assad, ni l'opposition", a-t-il assuré, affichant la même neutralité que Vladimir Poutine, auquel il a cédé la présidence en mai. "Mais (...) la question est de savoir s'il est bon de décider de soutenir une autre force politique si elle est en confrontation directe avec le gouvernement officiellement reconnu d'un autre Etat. Et, du point de vue du droit international, cela me paraît absolument inacceptable". Au cours de cette visite de deux jours, Dmitri Medvedev sera reçu par son homologue Jean-Marc Ayrault et par le chef de l'Etat. Il s'agit de la première rencontre bilatérale depuis l'investiture de François Hollande et du président russe. La Russie, dont une part importante des réserves de devises sont en euros, suit avec attention l'évolution de la crise dans l'Eurogroupe "parce qu'il nous semble parfois que nos partenaires européens manquent d'énergie et de volonté dans leurs décisions", a poursuivi Medvedev. Le Premier ministre a en outre reproché à Paris d'imposer des barrières administratives aux investisseurs russes, souvent soupçonnés d'avoir tiré un profit pas toujours légal des privatisations des années 90. "Il est temps de se détendre et de réaliser que la plupart des hommes d'affaires russes sont des gens respectueux de la loi qui ont gagné leur argent honnêtement et que cet argent peut être investi dans tous les biens, y compris français", a-t-il souligné. Il a par ailleurs nié tout repli des droits civiques depuis les grandes manifestations qui ont suivi la réélection de Vladimir Poutine en décembre et a assuré que la démocratie avait au contraire gagné du terrain.