436 personnes, parmi lesquelles Sergueï Oudaltsov (leader du Front de gauche) et le blogueur anticorruption Alexeï Navalny, ont été arrêtées. Contrairement à la présidentielle française qui vient de s'achever dans le calme par la victoire du socialiste François Hollande, la cérémonie d'investiture du nouveau président russe Vladimir Poutine a été émaillée de heurts. Des opposants ont en effet rallié hier Moscou en grand nombre pour manifester contre son retour au pouvoir. Des dizaines d'entre eux ont été arrêtés. La veille, plusieurs centaines de personnes avaient déjà été interpellées lorsque la police a dispersé sans ménagement un important rassemblement de l'opposition. La police a indiqué, hier, avoir interpellé en tout 436 personnes, parmi lesquelles le leader du Front de gauche, Sergueï Oudaltsov, le blogueur anti-corruption Alexeï Navalny et l'ancien vice-Premier ministre Boris Nemtsov. Une enquête a été ouverte pour «appel à troubles à l'ordre public» et «violences contre personne dépositaire de l'autorité publique», des délits passibles respectivement de trois et dix ans de détention. Lors de cette cérémonie qui a eu lieu au grand palais du Kremlin placé pour la circonstance sous haute surveillance, Vladimir Poutine a prêté serment sur la Constitution russe, redevenant ainsi président de la Russie pour un troisième mandat, quatre ans après avoir été obligé de quitter ce poste en 2008. Il était alors devenu Premier ministre faute de pouvoir effectuer un troisième mandat consécutif. L'ex-agent du KGB avait alors laissé la place à son disciple, Dmitri Medvedev. M. Poutine a été élu avec près de 64% des voix en mars, pour un troisième mandat de six ans. L'opposition avait fait état de nombreuses fraudes et organisé des manifestations pour contester sa victoire. «Je jure, en tant que président de la fédération de Russie, de respecter les droits et libertés du peuple et du citoyen», a-t-il promis lors d'une cérémonie au Kremlin. Lors de son discours d'investiture, le successeur de Dmitri Medvedev a donné un aperçu de ce qu'il comptait entreprendre et des dossiers qu'il allait placer au centre des ses priorités. Les années à venir vont être «déterminantes pour le destin de la Russie», a estimé Vladimir Poutine, juste après sa prise de fonction, tout en promettant à la Russie «une nouvelle étape de développement ». «Aujourd'hui, nous entrons dans une nouvelle étape du développement national. Nous devrons résoudre des tâches d'une ampleur nouvelle», a-t-il dit devant 3000 invités, quand des soldats en uniforme de parade sont entrés au pas en portant le drapeau tricolore russe. Medvedev à la place de Poutine au gouvernement Dans l'assistance se trouvaient le patriarche de l'église orthodoxe russe Kirill, le grand rabbin Berl Lazar, l'ancien Premier ministre italien Silvio Berlusconi, l'ancien président soviétique Mikhaïl Gorbatchev et l'ex-chancelier allemand Gerhard Schroeder. «Les années à venir vont être déterminantes pour le destin de la Russie pour les décennies à venir et nous devons comprendre que la vie des générations futures, les perspectives historiques de notre Etat et de notre nation dépendent de nous», a-t-il ajouté. Aussitôt après avoir pris ses fonctions, le président russe a suggéré à la Douma (le Parlement russe) de désigner son prédécesseur, Dmitri Medvedev, au poste de Premier ministre, ont rapporté des agences russes, citant le président de la Douma, Sergueï Narychkine. Sauf surprise majeure, le président sortant, Dmitri Medvedev, acceptera la proposition. Les deux hommes avaient annoncé dès l'automne qu'ils échangeraient leurs postes à l'occasion de la présidentielle de mars. Selon ces sources, le gouvernement russe, dirigé par M. Poutine, a présenté sa démission après l'investiture de ce dernier à la présidence du pays, conformément à la Constitution.Une séance extraordinaire de la Douma est prévue aujourd'hui à l'issue de laquelle M. Medvedev devrait être confirmé sans accroc au poste de Premier ministre. A rappeler que les huit premières années de la présidence Poutine (2000-2008) ont été marquées par une reprise en main du pays et une certaine stabilité, après les années libérales mais chaotiques du mandat de Boris Eltsine. Ce troisième mandat s'annonce néanmoins plus difficile, dans une société qui vit dans la précarité malgré les importantes recettes des hydrocarbures enregistrées annuellement par la Russie et où la soif de changements est importante en raison de la corruption qui gangrène le pays et de la nature autoritaire du régime.