Les élections locales qui se sont déroulées à Oran ont marqué le déclin des grosses cylindrées de la scène politique coiffées au poteau par les petits Poucets qui font irruption dans les assemblées populaires. Le grand perdant de ce rendez-vous est incontestablement le RND qui enregistre un grand recul par rapport à ses scores de 2007. Ainsi, le parti d'Ahmed Ouyahia n'est même pas arrivé à se placer dans certaines localités à l'image de Hassi Bounif ou encore Arzew où il n'a récolté aucun siège. Ce vote a également permis l'irruption sur la scène de formations qui avaient à plusieurs reprises vainement sollicité les suffrages, à l'image du RPR, du PRA ou encore du MJD et du RA (Rassemblement algérien). Les listes de ces formations, emmenées par des élus sortants, ont réussi dans un grand nombre de localités à s'adjuger la majorité, coiffant sur le fil le FLN qui s'est quand même adjugé la majorité dans l'Assemblée populaire communale du chef-lieu de wilaya, ou encore le RND qui a enregistré un recul qui devrait pousser sa direction nationale à analyser les causes de cet échec. Si le FLN a conservé une forte présence dans les 26 communes de la wilaya, il a de plus conforté sa position à l'Assemblée populaire de wilaya en glanant 26 sièges sur les 52 que compte cette institution, ce qui lui permettra de se placer en sérieux candidat pour les élections de renouvellement des membres du Sénat prévues dans quelques mois. Pour la commune d'Oran, la bataille électorale s'est déroulée, pour ce parti, sur un fond de guerre de positions entre les redresseurs et les partisans de Belkhadem qui ont voulu mettre en bémol leurs griefs en attendant la grande explication qu'ils promettent pour les prochains jours. Le Mouvement populaire algérien (MPA) de Amara Benyounès a réussi à se placer dans certaines assemblées locales, à l'image de celle de Bir El-Djir où il s'est allié à l'URN pour contrer la liste du FLN. Incident à Bousfer Mais l'incident majeur à relever à l'occasion de ces élections est sans conteste les incidents enregistrés dans la localité balnéaire de Bousfer, où des citoyens et des candidats ont contesté la réélection de la maire sortante qui s'est présentée sous la bannière du FNA. La victoire à la majorité absolue de cette dernière est fortement contestée par une partie de la population locale. Après la proclamation des résultats, des groupes se sont dirigés vers son domicile pour tenter de l'incendier avant de se rabattre sur le siège de l'APC auquel ils promettaient le même sort. Des heurts ont éclaté la nuit, ce qui a nécessité l'envoi de renforts d'éléments des brigades antiémeute de la gendarmerie pour rétablir la situation, et à l'heure où nous mettons sous presse, la situation reste confuse, malgré un déplacement du wali qui s'était rendu sur les lieux pour discuter avec les candidats «et promettre le gel des résultats jusqu'à l'arrivée aujourd'hui du ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales», a indiqué un candidat contestataire. Concernant les motifs ayant conduit au dérapage, les avis divergent. Si les partisans de la maire sortante réélue évoquent des fraudes massives sous forme de vote dirigé et rétribué contre leur tête de liste, leurs adversaires évoquent un vote massif des militaires de la base navale de Mers El Kebir, qui a influé sur l'issue du résultat du scrutin. «En face d'un bureau de vote de femmes, il y a le siège de la permanence du MPA. Des partisans de cette liste demandaient aux électeurs de voter contre notre liste. Après le passage dans l'isoloir, ils avaient comme instruction de passer à la permanence, de présenter le bulletin de notre liste pour empocher 3000 DA. Nous avons les preuves de ce que nous avançons», dira un candidat FNA. Les partisans de la liste MPA pour leur part affirment que les militaires de la base navale ont voté massivement dans la caserne au profit du maire sortant. Ils ont enfreint les dispositions légales, rappelées pourtant récemment par le ministre de l'Intérieur», affirment-ils. En attendant, les résultats pour cette localité restent suspendus. Il y a lieu de rappeler que le taux de participation le plus faible a été enregistré à Oran avec 22.13% et le plus haut à Sidi Benyebka avec 78.70%.