Le ministre de la Communication, Mohamed Saïd, a affirmé, hier à Alger, que le gouvernement envisage une ouverture de l'audiovisuel de manière «réaliste» et «progressive» et une utilisation de la retransmission satellite qui garantit la liberté et la démocratie. Intervenant à l'ouverture du séminaire sur l'audiovisuel, dont les travaux ont débuté hier à la résidence El-Mithaq (Alger), le ministre a indiqué que l'utilisation de la retransmission satellite «tiendra compte des valeurs morales de notre peuple et la préservation de l'identité et l'intégrité nationales et de la diversité culturelle et linguistique qui caractérise notre société». Il a précisé que le problème ne réside plus aujourd'hui dans le conflit entre les partisans de l'ouverture de l'audiovisuel et ceux du monopole de l'Etat sur ce secteur, mais plutôt dans la manière et l'objectif de cette ouverture ainsi que dans les modalités de création de chaînes satellitaires, leurs fonctionnement et la transparence de leurs bases économiques. Pour le ministre, l'ouverture de l'audiovisuel ne doit pas se faire dans «l'anarchie, la précipitation et l'improvisation» mais passe par la liberté d'expression pour pouvoir définir les moyens et arrêter des objectifs, estimant que cette rencontre constitue une occasion pour éclaircir les points de vue. Le ministre de la Communication, qui a reconnu que l'audiovisuel «n'a pas connu la même cadence d'ouverture que la presse écrite», a imputé cette situation à «la conjoncture dramatique traversée par le pays qui accordait la priorité au rétablissement de la paix et de la stabilité, la reconstruction de l'économie nationale et la consolidation des institutions de l'Etat». Il a rappelé, par ailleurs, que les médias lourds «relevaient totalement ou partiellement des pouvoirs publics eu égard à leur influence sur l'opinion publique, ajoutant que certains pays ont attendu un siècle entier après la déclaration de la liberté d'expression en 1881 pour lever le monopole sur les médias lourds. Ces pays, a-t-il ajouté, «sont encore à la recherche d'un meilleur système de gestion de ces médias, qui sera adapté au développement social et aux exigences du développement et de la mondialisation». «Cette annulation du monopole dans les démocraties européennes a nécessité une mise en œuvre progressive», a-t-il soutenu. «L'ouverture de l'audiovisuel au privé comme service public passe par une mise en œuvre progressive conformément à des règles éthiques et professionnelles pour permettre l'émergence d'une presse de haut niveau dont les professionnels croient à une limite de la liberté qui est la responsabilité», a encore ajouté le ministre. Le séminaire sur l'audiovisuel a débuté, hier, à la résidence El-Mithaq (Alger) en présence d'éminents experts algériens tels que Belkacem Ahcène Djaballah et Belkacem Mostefaoui et étrangers comme Hervé Bourges. «L'état des lieux du secteur de l'audiovisuel en Algérie», «la régulation», ainsi que «l'expérience des conseils supérieurs de l'audiovisuel en France et en Belgique», sont les principaux thèmes de cette rencontre de deux jours. Les participants se pencheront à cette occasion sur les questions liées à la régulation de l'audiovisuel, la transition de l'audiovisuel étatique à un audiovisuel de service public ainsi que les expériences de certains pays en matière d'ouverture médiatique. Le projet devant l'APN au cours du 2e semestre 2013 Par ailleurs, le ministre de la Communication, Mohamed Saïd, a affirmé vendredi que le projet de loi sur l'audiovisuel sera «probablement» soumis pour adoption à l'Assemblée populaire nationale (APN) au cours du deuxième semestre de l'année 2013. Le ministre qui s'exprimait en marge de la conférence de presse sur les résultats des élections locales, a déclaré à la presse qu'en application de la loi sur l'information, le projet de loi sur l'audiovisuel sera «probablement» entre les mains des députés de l'APN pour adoption «dès le deuxième semestre de l'année 2013». «La loi organique sur l'information a prévu l'adoption d'une loi sur l'audiovisuel afin de mettre en place une autorité de régulation de l'audiovisuel», a encore expliqué Mohamed Saïd. Il s'agit, a-t-il précisé, d'aller vers l'application d'une loi qui existe déjà (loi sur l'information). «C'est un début pour une ouverture concrète» dans le secteur de l'audiovisuel, a-t-il dit. La loi sur l'information, adoptée par les élus de l'APN, le 14 décembre 2011, prévoit la promulgation d'une loi sur l'audiovisuel et la mise en place d'une instance de régulation de secteur.