Les joueurs professionnels en Europe, du moins certains d'entre eux, ne pensent pas qu'à leur carrière. Ils ne sont pas dénués de tout sens politique, comme on a tendance à le croire. Ils assument aussi leur rôle dans la société et leurs opinions, surtout quand il s'agit de défendre des causes justes, comme celle de la Palestine. Ainsi, une soixantaine d'entre eux, dont Didier Drogba (Shanghaï Shenhua), Eden Hazard (Chelsea), Jérémy Ménez (Paris-SG), ou encore les Algériens évoluant en Europe, comme Yebda, Brahimi, Boudebouz et Soudani, ont adressé une lettre à l'UEFA pour protester contre la décision de confier à Israël l'organisation de l'Euro 2013 des moins de 21 ans (5-18 juin). Frédéric Kanouté (Beijin Guoan), André et Jordan Ayew (Marseille) ainsi que les internationaux français Yohan Cabaye (Newcastle), Abou Diaby (Arsenal), Alou Diarra, Rod Fanni, Steve Mandanda (Marseille) ont également signé ce texte. Une fronde contre l'UEFA Ils estiment que l'instance européenne du football ferme les yeux sur la récente offensive israélienne sur la bande de Ghaza et expriment «(leur) solidarité avec le peuple de Ghaza qui vit depuis trop longtemps en état de siège, et dont on refuse les droits humains les plus fondamentaux : la dignité et la liberté», selon la lettre. «Les derniers bombardements israéliens sur Ghaza, provoquant la mort d'une centaine de civils, ont été une nouvelle offense à la conscience du monde», dit la lettre. La mauvaise foi de Platini Les signataires évoquent aussi le bombardement du Palestine Stadium de Ghaza, le 10 novembre – dont la FIFA a promis la reconstruction le 27 novembre –, qui a tué quatre adolescents, et la situation d'Omar Rowis (23 ans) et Mohammed Nemer (22 ans) du club d'Al Amari, emprisonnés en Israël. Déjà interpellé sur le même sujet par la Fédération palestinienne, en juin dernier, Michel Platini, le président de l'UEFA, avait répondu à l'époque que l'instance «ne pouvait tenir la Fédération israélienne pour responsable de la situation politique dans la région». Mais le président de l'UEFA a omis de rappeler le cas de certains pays, moins coupables que l'Etat israélien, qui ont été boycottés par les instances internationales de football par le passé.