Jamais l'élection d'un maire n'avait suscité autant d'incompréhensions, non seulement du côté de la population mais aussi dans la majorité des communes qui ne connaissent pas encore leur magistrat municipal. Même les partis politiques qui étaient en lice pour le scrutin du 29 novembre ne savent plus à quel saint se vouer. Y compris le FLN pourtant vainqueur de la dernière consultation électorale, qui se perd en conjecture et fait preuve d'un manque de maîtrise des tractations, jeux d'alliances et autres batailles en sourdine qui s'opèrent sous l'impulsion du pouvoir de l'argent. Un décor que Kassa Aissi, chargé de la communication au FLN, n'hésite pas à qualifier de situation complètement imperceptible. «C'est le brouillard dans une nuit de ténèbres», dira en effet le responsable du FLN dont le bureau politique (BP) avait instruit récemment ses mouhafedhs à travers l'ensemble du territoire de veiller à nouer des alliances à même de permettre au parti d'officier à la tête de 1000 communes. Cependant, sur le terrain, la situation s'avère plus complexe, reconnaît Kassa Aissi. «Sur le terrain, tous les moyens sont bons pour s'adjuger le poste très prisé de président d'APC. On ne peut suivre hélas ce qui se passe dans chacune des communes du pays», a-t-il encore ajouté. Notre interlocuteur appuie en outre que l'instruction du ministère de l'Intérieur où sont définies les modalités d'élection du président de l'APC, en vertu de l'article 80 du régime électoral est, selon lui, «de nature restrictive». En d'autres termes, il stipule que dans le cas où aucune liste n'a obtenu la majorité absolue et que toutes les listes ayant obtenu 35% au moins des sièges peuvent présenter un candidat «ne peut garantir la stabilité de l'APC», déplore encore le représentant du FLN. Il met l'accent en outre sur l'inexistence de critères à généraliser dans les procédures des alliances qui sont ouvertes, selon lui, à tous les scénarios possibles. De son côté, Abderrahmane Saidi, le président du conseil consultatif du MSP soutient, lui aussi, que les alliances qui se tractent au niveau local, ne sont soumises «à aucune tendance bien définie ou un quelconque choix déterminé à l'avance. Elles sont issues de la réalité de chaque commune». Des sièges d'APC monnayés à 5 milliards Il poursuit en affirmant que la direction du MSP s'interdit toutefois de sceller toute alliance avec les candidats ayant fait usage de l'argent pour se faire élire, les adeptes du nomadisme politique, tout comme la formation de Bouguerra Soltani récuse toute alliance «obéissant à l'idée de règlement de compte». Abderrahmane Saidi déplore en outre le recours à l'argent pour s'approprier le siège du président d'APC. «On entend parler ici et là de marchandages de sièges des élus. Des sièges qui se monnaient jusqu'à 5 milliards de centimes suivant l'importance de la commune. C'est là une situation déplorable qui appelle à l'ouverture d'enquêtes à engager immédiatement par les appareils de l'Etat», expliquera le représentant du MSP. Sur un autre volet, soulignons que les nouveaux élus disposent d'un délai légal de 15 jours pour élire un président d'APC, dans le cas où aucun d'entre-eux ne dispose de la majorité absolue. C'est le cas de l'APC d'Alger-Centre qui procédera demain après-midi au vote pour élire son nouveau maire. C'est ce que nous apprend Hakim Bettache, élu sur la liste MPA à Alger-Centre, où le parti de Amara Benyounes a remporté huit sièges qui se sont avérés insuffisants pour imposer de facto son candidat à la tête de cette APC.