Une semaine avant le voyage de François Hollande en Algérie, Jean-Marc Ayrault s'envole mercredi pour le Maroc, l'autre géant du Maghreb avec lequel la France entend "redynamiser" des relations déjà denses, notamment au plan économique. Huit ministres accompagneront le locataire de Matignon pour ce voyage de deux jours qui sera l'occasion d'un premier contact entre deux gouvernements renouvelés cette année et de la signature de quelque 300 millions d'euros de contrats. Le chef du gouvernement français devrait profiter de ce voyage pour renforcer sa stature internationale et tourner la page de la séquence du sauvetage du site sidérurgique mosellan de Florange, pour lequel il a essuyé de nombreuses critiques. Jean-Marc Ayrault assistera à l'inauguration du tramway de Casablanca, construit en partenariat avec les groupes français Alstom et RATP, et participera à un forum économique réunissant plus d'une centaine de chefs d'entreprises français. Des accords devraient être passés à cette occasion entre EDF et l'office national de l'énergie marocain sur le développement du parc éolien. D'autres concerneront la poursuite du projet de ligne à grande vitesse entre Casablanca et Tanger. La France est le premier partenaire économique du Maroc, où sont implantées quelque 750 entreprises tricolores et avec lequel l'excédent commercial dépasse le milliard d'euros. Sur les huit premiers mois de 2012, la France a toutefois perdu sa place de premier fournisseur au profit de l'Espagne, une situation que Paris espère temporaire. Au chapitre diplomatique, Jean-Marc Ayrault sera reçu en audience par le roi Mohammed VI et s'entretiendra avec son homologue marocain, Abdelilah Benkiran. "Les relations franco-marocaines sont extrêmement denses et variées. Ce voyage sera l'occasion d'un nouvel élan, d'une nouvelle dynamique", dit-on de source diplomatique à Paris, où l'on évoque un "partenariat d'exception". Hasard du calendrier, assure-t-on côté français, le voyage de Jean-Marc Ayrault précède de peu la visite lourde de symbole de François Hollande en Algérie, les 19 et 20 décembre, présentée comme celle d'une relance des relations bilatérales paralysées depuis des années entre Paris et Alger. Chaque mouvement des autorités de France, ancienne puissance coloniale, est regardée de près à Rabat, Alger, voire Tunis. Une rivalité maghrébine dont Paris ne veut pas se sentir dépendante. "Il n'y pas de concours de beauté, pas de compétition", assure un diplomate. "On ne s'inscrit pas dans un jeu de bascule quel qu'il soit. On a un destin lié avec ces pays". Le roi Mohammed VI, l'une des premières personnalités à avoir rencontré François Hollande après son arrivée au pouvoir en mai, a eu le président français au téléphone ces derniers jours, rappelle-t-on à Paris, comme pour prévenir une irritation à Rabat à l'idée de le voir fouler bientôt le sol algérien. A Rabat, les ministres français s'entretiendront avec leurs homologues marocains avant une séance plénière jeudi matin. La situation au Sahel et en Syrie devrait dominer les entretiens du chef de la diplomatie française, Laurent Fabius, qui sera alors tout juste de retour d'une réunion des "amis de la Syrie" à Marrakech. La porte-parole du gouvernement, Najat Vallaud-Belkacem, qui est d'origine marocaine, sera du voyage, tout comme l'ancienne ministre Elisabeth Guigou, qui a passé son enfance passée à Marrakech.